Nous avons presque tous eu la roséole lorsque nous étions petits. Nous en avons tous guéri, mais le virus responsable de cette maladie, l'herpèsvirus humain de type 6 (HHV-6), n'a pas disparu pour autant de notre organisme. Son ADN est toujours présent dans nos cellules et, chez certains d'entre nous, il est même intégré à nos chromosomes, ce qui lui permet de
passer (Le genre Passer a été créé par le zoologiste français Mathurin Jacques...) sous le radar du
système immunitaire (Le système immunitaire d'un organisme est un ensemble coordonné d'éléments de...).
Herpèsvirus humain type 6 (HHV-6)
Par Bernard Kramarsky (Photographer) — Cette image a été publiée par le National Cancer Institute, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=24061112
Paradoxalement, pour réaliser cet habile subterfuge, le virus se sert d'une protéine humaine, la TRF2, dont la fonction est justement de protéger l'intégrité de nos chromosomes. C'est ce que démontre l'équipe du professeur
Louis Flamand, de la Faculté de
médecine (La médecine (du latin medicus, « qui guérit ») est la science et la...) et du Centre de
recherche (La recherche scientifique désigne en premier lieu l’ensemble des actions entreprises en vue...) du CHU de Québec -
Université Laval (L’Université Laval est l'une des plus grandes universités au Canada. Elle a comme...), et leurs collaborateurs d'Allemagne et des États-Unis dans
un article scientifique publié récemment par
PLOS Pathogens.
Le HHV-6 ne s'intègre pas au hasard dans notre
génome (Le génome est l'ensemble du matériel génétique d'un individu ou d'une...). Il se terre dans les télomères, les extrémités des chromosomes. Le virus et les télomères ont un
point (Graphie) commun: tous deux renferment de nombreuses répétitions de la même séquence de nucléotides (TTAGGG). "On compte de 15 à 180 de ces répétitions chez HHV-6 et jusqu'à 2500 dans chaque télomère humain", rappelle Louis Flamand.
Au moment où HHV-6 infecte une cellule, le nombre de ces répétitions télomériques à l'intérieur d'une cellule augmente par un facteur variant de 2 à 3. "Il s'agit d'une hausse énorme et elle est causée par la réplication du virus", souligne le
chercheur (Un chercheur (fem. chercheuse) désigne une personne dont le métier consiste à faire de la...).
En réponse à cette prolifération télomérique, la TRF2, habituellement localisée dans les télomères, s'associe à l'ADN viral. En conditions normales, cette protéine a pour fonction de protéger les télomères en leur évitant d'être considérés comme des brins d'ADN endommagés nécessitant des réparations. "Lorsque l'ADN viral se lie à la TRF2, il se trouve lui aussi protégé contre ce mécanisme de réparation, souligne le professeur Flamand. De plus, il semble que la TRF2 facilite l'intégration du virus dans les chromosomes."
Cette hypothèse est soutenue par le fait que si on empêche les cellules de produire de la TRF2, le succès de l'intégration du HHV-6 diminue fortement. Par ailleurs, si on enlève les séquences répétitives du virus, celui-ci ne s'intègre plus dans le génome, résume le chercheur.
Un virus qui peut se réactiver
Comme c'est le cas chez les autres herpèsvirus, dont celui qui est responsable des feux sauvages, le génome latent du HHV-6 peut être réactivé lorsque les conditions favorables sont réunies. Cette réactivation peut causer d'importants problèmes de
santé (La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste...), notamment aux personnes immunosupprimées et aux personnes qui ont subi une greffe d'
organe (Un organe est un ensemble de tissus concourant à la réalisation d'une fonction...).
"Notre étude apporte un nouvel éclairage sur les mécanismes qui conduisent à l'intégration du HHV-6 à notre génome, mais il sera encore plus intéressant de savoir comment il s'en extirpe. Nous avons entrepris des travaux sur cette question et nous sommes sur des pistes prometteuses pour empêcher la réactivation du HHV-6", affirme le professeur Flamand.
L'étude parue dans
PLOS Pathogens est signée par Shella Gilbert-Girard, Annie Gravel,
Vanessa (Le genre Vanessa regroupe des papillons de la famille des Nymphalidae. Cette espèce...) Collin et Louis Flamand, de l'
Université (Une université est un établissement d'enseignement supérieur dont l'objectif est la...) Laval, Darren Wight et Benedikt Kaufer, de la Freie Universität Berlin, et Eros Lazzerini-Denchi, du National Cancer Institute des États-Unis.