Un match joué sans spectateurs affecte-t'il le résultat sportif ?

Publié par Adrien le 04/09/2020 à 09:00
Source: ASP
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En ces temps de semi-confinement, jouer devant des gradins vides peut-il désavantager l'équipe locale, dès lors qu'elle est privée de l'énergie de ses fans ? La réponse est plus subtile: les équipes risquent de jouer à armes plus égales que d'habitude.


C'est un vieux débat chez les amateurs de sport: à quel point les supporteurs donnent-ils un avantage à leur équipe locale ? Alors que la pandémie (Une pandémie (du grec ancien πᾶν / pãn (tous) et...) force les équipes à jouer dans des stades ou des arénas vides, l'occasion est bonne pour tenter de trancher la question.

Avantage local

Dans le passé (Le passé est d'abord un concept lié au temps : il est constitué de l'ensemble...), les chercheurs ont souvent plongé dans les statistiques (La statistique est à la fois une science formelle, une méthode et une technique. Elle...), mais ils ont dû tenir compte d'autres variables - la fatigue de l'équipe visiteuse à cause de son voyage (Un voyage est un déplacement effectué vers un point plus ou moins éloigné dans un but personnel...), ou la familiarité avec les lieux pour les joueurs locaux.

C'est au football que l'avantage de jouer localement serait le plus évident. Une étude menée en Italie en 2014 avait analysé les performances d'équipes de football partageant le même stade lorsqu'elles jouaient l'une contre l'autre, éliminant ainsi de l'équation (En mathématiques, une équation est une égalité qui lie différentes quantités, généralement...) les facteurs de la fatigue ou de la non-familiarité avec les lieux. Les auteurs avaient ainsi noté que l'équipe locale, devant ses fans plus nombreux, "performait" mieux, et comptait plus de buts.

Des recherches suggèrent que "l'avantage du terrain" serait plutôt causé par les arbitres qui se laisseraient influencer par la foule. Des économistes suédois ont analysé les matchs de football en Italie qui se sont tenus à huis clos en 2007. Durant les matchs devant public, les équipes locales recevaient normalement des verdicts plus favorables des arbitres, moins de cartons jaunes et rouge, et moins de pénalités et de fautes. Cet avantage disparaissait lorsque les matchs se déroulaient sans public. Les arbitres seraient donc fortement (et, on le présume, inconsciemment) affectés par la pression sociale, ajoutait une étude américaine en 2005, et le désir de "satisfaire la foule".

Cet avantage local aurait d'ailleurs décliné dans les dernières décennies dans certains sports, notamment au basketball, au baseball et au football. L'autorisation des reprises vidéo (La vidéo regroupe l'ensemble des techniques, technologie, permettant l'enregistrement ainsi que la...) pour aider les arbitres dans leurs décisions, a contribué à "égaliser les chances", écrivait en 2019 le chercheur (Un chercheur (fem. chercheuse) désigne une personne dont le métier consiste à faire de la...) américain en sciences de l'information Konstantinos Pelechrinis.

Jouer en période COVID

Qu'en sera-t-il cette année (Une année est une unité de temps exprimant la durée entre deux occurrences d'un évènement lié...) ? Des chercheurs anglais ont publié une étude en juin, comparant 160 matchs de football européen sans public à plusieurs milliers d'autres parties pré-COVID. Leur constat ? L'avantage des joueurs locaux aurait dégringolé: les buts comptés par les équipes locales étaient moins nombreux et, alors que ces dernières gagnaient 46 % de leurs matchs lorsque leurs fans étaient présents (contre 28 % de matchs nuls et 26 % de défaites), cette proportion diminuait à 36 % devant des stades vides. L'échantillon (De manière générale, un échantillon est une petite quantité d'une matière, d'information, ou...) reste toutefois limité, et les auteurs font remarquer que, si on tient compte de la qualité des équipes dans ces rares matchs à huis clos, l'effet "sans supporteurs" n'est pas statistiquement significatif.

La ligue de football de Bundesliga en Allemagne, la première à avoir repris du service durant la pandémie, a elle aussi constaté que la proportion des victoires à la maison avait glissé de 10 points de pourcentage (Un pourcentage est une façon d'exprimer une proportion ou une fraction dans un ensemble. Une...), pouvait-on lire le 1er juillet dans le New York Times. Les joueurs locaux du Bundesliga ont tiré moins souvent au filet, et ont en général fait moins de jeux (passes, dribble, etc.). Même les gardiens de but ont arrêté moins de tirs à la maison que d'habitude. La firme d'analyse Gracenote avait aussi analysé, en juin, 83 matchs joués par cette même ligue allemande depuis son retour au jeu: l'équipe locale avait été plus souvent pénalisée pour des fautes que lorsque les stades étaient remplis, et plus de cartes jaunes avaient été distribuées. À l'inverse (En mathématiques, l'inverse d'un élément x d'un ensemble muni d'une loi de...), les données (Dans les technologies de l'information (TI), une donnée est une description élémentaire, souvent...) récoltées par Impect, une autre firme d'analyse de données, concluent que la qualité globale du jeu depuis la reprise des parties restait la même.

S'ajouteront à cela les ligues de hockey ou de basketball qui, dans l'espoir de réussir à finir une saison (La saison est une période de l'année qui observe une relative constance du climat et de...) déjà bien écourtée, ont créé des "bulles" ayant pour conséquence qu'aucune des équipes ne joue dans sa propre ville: une réduction radicale de tout ce qui pourrait leur rester d'avantage local. À suivre.
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