Avec la multitude de sources d'informations, il est difficile de ne pas être confronté à l'actualité. Et si ce contact avec les nouvelles écrites pouvait entraîner des conséquences néfastes chez l'humain ? Il semble que ce soit le cas, selon une nouvelle étude réalisée par une équipe de chercheurs de l'
Université de Montréal oeuvrant au Centre d'études sur le
stress humain de l'
Hôpital Louis-H. Lafontaine (CESH), dont les résultats sont publiés aujourd'hui dans la revue
Plos One. Concrètement, cette étude démontre que l'exposition à de mauvaises nouvelles dans les journaux augmente la réactivité au stress chez les femmes, et que ces dernières ont une capacité accrue à se souvenir de ces nouvelles négatives.
"Nous sommes partis de la prémisse que lorsque notre cerveau perçoit une situation à caractère menaçante, notre corps se met à produire des hormones de stress. Ces hormones de stress accèdent au cerveau et peuvent moduler la
mémoire d'évènements stressants ou négatifs. Ainsi, nous sommes portés à croire que la lecture d'une actualité négative devrait provoquer une réaction de stress chez le lecteur" explique Sonia Lupien, directrice du Centre d'études sur le stress humain. Ainsi, l'équipe du CESH a invité soixante participants (30 femmes et 30 hommes) répartis en deux groupes mixtes qui ont été appelés à lire de vraies nouvelles dans des journaux montréalais. La moitié de ces nouvelles étaient de nature négative (meurtre, accident, etc.) et l'autre moitié de nature neutre (ouverture d'un nouveau
parc ou sortie prochaine d'un film). Après avoir lu ces nouvelles, les participants étaient exposés à un stress. Le lendemain, chaque participant de chacun des groupes devait relater de mémoire le contenu de l'information lue la veille.
"Les résultats sont plus que fascinants" affirme Marie-France Marin, auteure principale de l'étude et doctorante au CESH. "Concrètement, bien que le fait de lire une nouvelle négative dans un journal ne stimule pas nos hormones de stress, il rend les femmes plus réactives et affecte leurs capacités physiologiques à répondre à une situation stressante plus tard dans la journée. De plus, ces femmes ont tendance à mieux se souvenir du contenu des nouvelles négatives qu'elles ont consultées la veille. Il est intéressant de noter que ce phénomène ne s'observe pas chez les hommes."
La recherche a été publiée dans Plos One sous le titre
There is no news like bad news: Women are more remembering and stress reactive after reading real negative news than men. http://dx.plos.org/10.1371/journal.pone.0047189,
Sonia Lupien est directrice scientifique du Centre de recherche Fernand-Seguin de l'Hôpital Louis-H. Lafontaine et professeure titulaire au Département de psychiatrie de l'
Université de
Montréal. Elle est fondatrice et directrice du Centre d'études sur le stress humain, et titulaire de la Chaire de recherche des IRSC sur la
santé mentale des hommes et des femmes.
Marie-France Marin est affiliée au Centre de recherche Fernand-Seguin de l'Hôpital Louis-H. Lafontaine et au Centre d'études sur le stress humain. Elle vient de déposer sa thèse de doctorat en
neurosciences à l'Université de Montréal. Elle se trouve présentement à Boston pour débuter des études postdoctorales au Département de psychiatrie de l'Université Havard.