L'analyse des déplacements en véhicule de quelque 400 résidents de la région de Québec indique notamment qu'un citoyen vivant à la périphérie de la capitale produit en moyenne 70 % plus de GES que celui qui présente les mêmes caractéristiques mais qui vit au centre-ville.
Deux chercheurs réalisent la toute première étude sur la mobilité urbaine sous l'angle des émissions de gaz à effet de serre.
En semaine, dans leurs déplacements quotidiens en voiture ou en autobus, c'est le vendredi que les résidents de la région de Québec produisent un maximum d'émissions de gaz à effet de serre (GES), soit plus de 25 % comparé au lundi. Un citoyen vivant à la périphérie de la capitale produit en moyenne 70 % plus de GES que celui qui présente les mêmes caractéristiques mais qui vit au centre-ville. Et un revenu supérieur à 60 000 $ par an peut signifier un niveau d'émissions plus élevé de 20 %.
Ces données sont tirées d'un article scientifique paru il y a quelques mois dans la revue internationale Transportation Research Part D: Transport and Environment. Le professeur Philippe Barla, du Département d'économique, est le chercheur principal de cette étude. Les cosignataires sont Martin Lee-Gosselin, professeur associé au Centre de recherche en aménagement et développement, et Luis F. Miranda-Moreno, de l'Université McGill.
Les données utilisées par les chercheurs portent sur quelque 400 personnes, réparties en 250 ménages. Les répondants ont fourni de l'information détaillée sur plus de 15 000 déplacements. Ces déplacements ont été effectués sur deux périodes de deux jours consécutifs, ainsi que sur une période d'une semaine. "À notre connaissance, cette recherche est la première au monde à analyser la mobilité urbaine du point de vue des émissions de GES, affirme Philippe Barla. Notre analyse a l'avantage de permettre de mesurer l'effet de différents facteurs sur le bilan des émissions."
Ce dernier insiste sur les économies d'échelle au sein des familles. "Nos résultats, dit-il, indiquent qu'un couple produit non pas le double des émissions d'une personne vivant seule, mais seulement 64 % plus d'émissions. Plusieurs déplacements exigés pour faire l'épicerie ou pratiquer des loisirs se font souvent en commun au sein d'un ménage."
Les chercheurs ont découvert que les femmes produisent nettement moins d'émissions de GES que les hommes dans leurs déplacements pour le travail, soit -40 %. "Elles utilisent l'autobus deux fois plus que les hommes, explique Philippe Barla. La distance domicile-travail est un peu inférieure à celle des hommes. Et elles utilisent des véhicules moins énergivores."
Selon Philippe Barla, certains facteurs pourraient modifier, dans l'avenir, le niveau des émissions de GES dans les déplacements à Québec. La Ville de Québec prévoit qu'un besoin de 62 000 à 89 000 nouveaux logements se fera sentir d'ici 2031. "Selon notre analyse, dit-il, il vaut la peine, du point de vue des GES, que ces nouveaux logements se construisent près du centre-ville plutôt qu'en périphérie. Mais une réduction appréciable des GES nécessitera des changements drastiques dans la forme urbaine. Un accroissement de 10 % de la densité résidentielle dans un quartier ne réduit les émissions de ses résidents qu'au mieux de 1 %."
À Québec, les 65 ans et plus devraient passer de 15,8 % en 2006 à 23,6 % en 2021. "Selon notre analyse, poursuit le chercheur, les personnes de plus de 65 ans qui sont retraitées produisent jusqu'à 50 % moins de GES liés à la mobilité quotidienne. On peut donc s'attendre à ce que le vieillissement de la population favorise une réduction des émissions."