Les fragments de déchets plastiques qui flottent à la surface des océans sont symptomatiques d'une pollution plus large qui affecte l'ensemble de l'environnement marin. Pour prendre la mesure de cette pollution et comprendre le devenir global du plastique dans les océans, les scientifiques étudient les mécanismes de distribution et de dégradation du plastique dans l'eau. Néanmoins, à ce
jour, les connaissances dont ils disposent sont encore insuffisantes, notamment en ce qui concerne le milieu profond.
Une équipe de recherche s'est penchée sur la question de la libération dans l'eau des additifs contenus dans les plastiques. Ces travaux ont été établis dans le cadre du programme du JPI-Ocean PLASTOX (ANR PLASTOX). La plupart des additifs ayant été détectés dans les environnements côtiers et en haute mer sont des perturbateurs endocriniens qui pourraient avoir des conséquences néfastes sur la biodiversité marine et, par extension, sur la
santé humaine. Cette étude compare la lixiviation dans l'
eau de mer d'additifs organiques provenant de
matériaux plastiques normalisés sélectionnés par un assemblage de procaryotes naturels dans des conditions de
surface et des conditions de haute
pression rencontrées dans les profondeurs.
Ce travail de recherche démontre que la libération d'additifs est plus importante à la surface de l'océan que dans les eaux profondes. En effet, l'augmentation de la pression hydrostatique inhibe la libération des additifs organiques les plus lourds, tels que le tris(2-éthylhexyl) phosphate et le
phtalate de diisononyle qu'on retrouve dans le
polyéthylène et de
polychlorure de vinyle. Par ailleurs, la majeure partie des fragments de plastique qui coulent le long de la colonne d'eau sont dégradés bien avant d'atteindre la couche sédimentaire du milieu profond. Néanmoins, les procaryotes vivant en milieu profond, tout comme ceux des eaux de surface, favorisent la libération d'additifs (phtalates, bisphénols, esters organophosphorés).
En savoir plus:
Organic additive release from plastic to seawater is lower under deep-sea conditions - Nature Communications (2021)
Vincent Fauvelle, Marc Garel, Christian Tamburini, David Nerini, Javier Castro-Jiménez, Natascha Schmidt, Andrea Paluselli, Armand Fahs, Laure Papillon, Andy M. Booth et Richard Sempéré
https://doi.org/10.1038/s41467-021-24738-w
Contact:
Vincent Fauvelle - Institut Méditerranéen d'Océanologie (MIO) - vincent.fauvelle at mio.osupytheas.fr