Dans la région de Kangiqsualujjuaq, les plants de mélèze se font de plus en plus abondants au-dessus de la limite des arbres.
Photo: Geneviève Dufour Tremblay Dans certaines régions du Nord du Québec, le réchauffement climatique a favorisé la croissance du
mélèze.
Des chercheurs du Centre d'études nordiques (CEN) viennent de mettre en lumière une autre manifestation du réchauffement climatique dans le Nord du Québec. Le mélèze qui croît à la limite des arbres dans l'est du Nunavik répondrait fortement à la hausse de
température enregistrée depuis 20 ans. C'est ce que suggère une
communication livrée par Geneviève Dufour Tremblay lors du Symposium nordique du CEN qui se déroulait à Rimouski la semaine dernière.
L'étudiante-chercheuse, dont les travaux sont dirigés par Stéphane Boudreau, du Département de biologie de l'Université Laval, et Esther Lévesque de l'UQTR, arrive à cette conclusion après avoir étudié la
dynamique du mélèze et de l'épinette noire à la limite des arbres, près du village de Kangiqsualujjuaq (George River), sur la côte est de la baie d'Ungava. Dans cette région, le sommet des collines est environ 300 mètres au-dessus du
niveau de la mer alors que la limite des arbres se situe à une
altitude qui fluctue entre 70 et 100 mètres. Depuis quelques années, les plants de mélèze se font de plus en plus abondants au-dessus de la limite des arbres. Le phénomène pourrait découler d'une meilleure production de graines viables et d'une survie supérieure des plantules découlant du réchauffement climatique.
Des données recueillies par Geneviève Dufour Tremblay sur des arbres situés le long de transects allant de la vallée forestière jusqu'au sommet des collines révèlent que la croissance en
hauteur et en
diamètre des mélèzes s'est accélérée de façon notable depuis une vingtaine d'années. Ce boom coïncide avec le début d'une période plus chaude dans la région; la température
moyenne annuelle a grimpé de près de trois degrés Celsius depuis 1990. "Ces résultats suggèrent que le
paysage aux environs de Kangiqsualujjuaq subira des changements majeurs en raison de la colonisation des versants de collines par le mélèze", avance l'étudiante-chercheuse.
De là à conclure que le mélèze est en voie de devenir l'espèce dominante à la limite des arbres en zone subarctique et qu'il mène la charge des arbres vers le nord, il y a un pas énorme que les chercheurs refusent de franchir. "Nous ne disposons pas de suffisamment de données pour extrapoler à l'ensemble du Nord du Québec ce que nous avons observé à Kangiqsualujjuaq, souligne le professeur Stéphane Boudreau. D'ailleurs, ajoute-t-il, la limite des arbres au Québec subarctique est généralement formée par l'épinette noire, et cette espèce ne répond pas au réchauffement dans les sites que nous avons étudiés."