Une collaboration franco-japonaise vient de mettre au point d'un laser organique ultraviolet (UV) émettant à une longueur d'onde record de 358,5 nanomètres, la plus courte jamais obtenue pour ce type de dispositif. Ce résultat ouvre la voie à de nouvelles générations de sources lumineuses compactes, économiques et facilement adaptables, pour la gravure de circuits électroniques, l'impression 3D de haute précision ou encore certains traitements médicaux.
Depuis une trentaine d'années, les lasers organiques à l'état solide (ou OSLs pour 
Organic Solid-state Lasers) suscitent un fort intérêt. Contrairement aux lasers inorganiques classiques, coûteux et encombrants, ces dispositifs utilisent des molécules organiques capables d'émettre une 
lumière intense dont la couleur peut être ajustée par conception chimique. Leur légèreté, leur flexibilité et leur faible coût de production en font des candidats de choix pour des applications en lithographie électronique ou pour des traitements médicaux par lumière UV.
Jusqu'à maintenant, concevoir des lasers organiques efficaces dans le domaine ultraviolet (200-400 nm) restait un défi majeur. En effet, à l'état solide, la plupart des matériaux organiques perdent en efficacité lumineuse à cause d'un phénomène d'agrégation moléculaire qui dégrade leurs propriétés optiques.
Dans ce contexte, des équipes de l'Institut des sciences chimiques de rennes (CNRS/Université de Rennes/ENSCR/INSA Rennes), de l'Institut parisien de chimie moléculaire (CNRS/Sorbonne Université) et du Laboratoire de 
physique des lasers (CNRS/Université 
Sorbonne Paris Nord), associées à une équipe japonaise du Center for Organic Photonics and Electronics Research (OPERA) de l'
Université de Kyushu, ont développé une approche originale pour limiter l'agrégation de molécules organiques émettrices dans l'UV, performantes et stables à l'état solide.
Leur stratégie repose sur l'isomérie de position, c'est-à-dire la variation de la position de certains groupes chimiques au sein d'une même 
molécule. En 
isolant deux isomères d'une famille de molécules émettrices appelés 
dispirofluorène-indénofluorènes, les scientifiques ont observé que l'un des deux présentait une agrégation intermoléculaire significativement réduite par rapport à son homologue, améliorant considérablement l'efficacité 
optique du 
matériau. Ils montrent également que l'
arrangement spécifique des différents groupements moléculaires au sein de la molécule est à l'origine de ce comportement. En intégrant ensuite ce matériau dans une 
architecture de "laser à rétroaction distribuée" (DFB), ils ont obtenu une émission lumineuse à 358,5 nm, la 
longueur d'onde la plus courte pour un laser 
organique de ce type.
Ces résultats, brevetés et publiés dans 
Advanced Functional Materials, marquent une étape importante vers la réalisation de lasers organiques performants dans le domaine ultraviolet, ouvrant la voie à de nouvelles applications technologiques de haute précision et biomédicales.
Rédacteur: CCdM