Il y a à peine cent ans, Mars restait encore un monde bien mystérieux. La news rétro de ce dimanche fait suite à L'énigme de Mars dont nous parlions il y a quinze jours et aux problèmes posés par la construction d'un Réflecteur colossal que nous vous proposions dimanche dernier. Nous évoquons enfin les possibilités de communications avec la planète rouge que pouvaient offrir les progrès de la science de l'époque
Les Ondes électriques
La question de la communication optique paraît donc enterrée pour longtemps. D'ailleurs, le télégraphe optique est l'enfance de la science: c'est par lui que nous avons débuté, et l'électricité a été un grand pas en avant dans l'art difficile de communiquer à distance.
Dans ces trente dernières années, on avait ressuscité la télégraphie optique au moyen de projecteurs. Mais la physique nous enseigne que nous sommes encore bien mal outillés pour transformer notre énergie en lumière. Et c'est précisément ce qui nous empêchera d'user de la lumière pour nos communications interastrales.
A ce point de vue, l'électricité serait d'une utilité plus certaine. A vrai dire, nous n'y aurions pas songé, il y a vingt-cinq ans, alors que la télégraphie sans fil n'avait pas encore révolutionné le monde. Mais déjà maintenant nos ondes électriques sont perçues à des distances voisines de 5000 à 6000 kilomètres, et le temps est proche peut-être où nous pourrons leur faire accomplir un tour entier autour de notre globe.
Mais que seront ces 40 000 kilomètres à coté des 75 millions de kilomètres qui nous séparent de notre voisine lors d'une opposition moyenne, et même des 57 millions de kilomètres dans les occasions les plus favorables ?
Et puis, un appareil récepteur est nécessaire et il faudrait d'abord songer à le procurer à nos bons voisins les Martiens.
Mais... à qui parler ?
Ainsi toutes les méthodes préconisées sont vouées à un succès incertain: elles prouvent seulement une riche imagination chez les savants qui ont lancé ces idées.
D'ailleurs est-il bien sûr que Mars soit habité par des êtres intelligents capables de nous comprendre ? Evidemment nul n'a vu, à l'extrémité de la lunette, les silhouettes des Martiens se promenant dans les plaines basses et arides de leur petite planète. Nul n'a même aperçu quoi que ce soit qui put déceler leur présence.
Les conditions de la vie sur cette planète voisine sont extrêmement rigoureuses. A l'équateur, la moyenne de la température serait de 23° au-dessous de zéro, tandis que le maximum dépasserait à peine de quelques degrés la température de la glace fondante.
Au pôle éclairé par un jour de six mois, le maximum pourrait sans doute atteindre 30° à 40°, mais la température minima descendrait certainement à plus de 100° au-dessous de zéro.
Quant à la température du sol, elle pourrait atteindre et dépasser 5° au-dessus de zéro dans les régions polaires et + 16° à l'équateur.
Mais il ne faut pas oublier que la pression atmosphérique est extrêmement faible et que de ce fait les variations thermométriques sont très accentuées: la différence entre la température du jour et de la nuit doit atteindre plus de 100 degrés centigrades.
C'est là évidemment un régime détestable pour l'entretien de la vie, et tout porte à croire que si des êtres pensants ont, autrefois, habité ce séjour, à moins d'admettre une incroyable faculté d'adaptation à un milieu aussi inhospitalier, il y a beau temps que la vie animale, dans ses manifestations supérieures au moins, a disparu pour toujours de cette planète où le froid règne en maître absolu.