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MARS est-elle réellement habitée ? Pourrons-nous jamais correspondre avec cette planète perdue dans un infini de 75 millions de kilomètres ? L'échange de signaux avec les Martiens n'est-il qu'une utopie ? Ce qui est irréalisable aujourd'hui le sera-t-il demain ? C'est à ces questions, dont le coté mystérieux et extraordinaire nous en impose, que tente de répondre M. l'abbé Moreux, directeur de l'Observatoire de Bourges.
L'énigme de Mars
Lorsque par un ciel très pur, au milieu de silence de la nuit, le champ du télescope s'illumine des feux rougeâtres de Mars, lorsque le disque de la planète, tournant sur lui-même comme la Terre, amène sous les yeux de l'astronome ébloui ses étranges configurations: continents ocreux, plaines verdoyantes, calottes polaires, nul ne peut se défendre d'un sentiment d'ardente curiosité.
Trois vues diverses de la planète Mars, prises en 1905
par M. l'abbé Moreux, à l'Observatoire de Bourges.
Les photographies qu'on obtient n'ont guère plus de 3 millimètres de diamètre.
Au cours du printemps martien les plaines revêtent les teintes vertes où bientôt se mêlent des pointes de jaune d'or. Une végétation intense paraît envahir la planète sous forme de larges bandes allongées, d'ovales plus ou moins réguliers, d'oasis au milieu des déserts.
Nous avons toutes les meilleures raisons de croire que Mars est plus vieilli que la Terre, et si là-bas il y a des êtres pensants, où en sont-ils de leur évolution civilisatrice ? Peut-être épient-ils le moment propice pour nous envoyer les signaux: télégraphie optique ou ondes électriques. Il y a des millions d'années peut-être qu'ils nous accablent de télégrammes et notre science de l'électricité en est encore aux rudiments.
Mais les Martiens existent-ils ? Pour nous en assurer, essayons une communication avec cette humanité martienne hypothétique.
Certains ont proposé de planter, dans les plaines de Sibérie, des champs sont la disposition représenterait des figures de géométrie ou bien une partie de la configuration même de Mars. D'autres préconisent la production, sur une plaine blanche, d'un point noir que l'on ferait disparaître par intervalles ; ou encore dans le même but d'employer un certain nombre de pièces d'étoffe noire, disposées de façon qu'on puisse les enrouler sur des bobines ou les étaler comme les lames d'une jalousie. Pratiquement, l'entreprise serait impossible à mener à bonne fin pour cette seule raison que la plaine blanche devrait avoir deux ou trois cents kilomètres de diamètre au minimum et le point noir au moins 50 kilomètres.
Autre chose: d'énormes miroirs pourraient refléter une lumière puissante vers ce monde à la couleur sanglante. Un système d'interrupteurs donnerait à nos voisins les Martiens la suggestion qu'ils ont affaire à un procédé artificiel... et s'ils existent, ils répondraient.
Hélas ! Que de difficultés pour réaliser ce rêve. D'abord, à quel moment faire les signaux ?
Evidemment la nuit, autrement nos signaux lumineux se perdraient dans les rayons solaires ; nous choisirions en outre l'époque où Mars est en opposition, c'est-à-dire quand elle se rapproche le plus de la Terre. Mais, remarquez-le bien, quand c'est pour nous la nuit, les Martiens sont en plein jour et pour eux notre Terre se trouve noyée dans les feux du Soleil et demeure complètement invisible.
Le seul moment qui puisse, en apparence, sembler favorable, serait celui où la Terre est pour Mars en quadrature, c'est-à-dire quand les deux astres sont éloignés l'un de l'autre à 90 degrés. Mais alors la distance a augmenté considérablement et notre globe n'est visible que quelques minutes seulement pour les Martiens.
A suivre dimanche prochain: un reflecteur aux dimensions prodigieuses... (2/3)