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Avertissement: Cette news rétro retranscrit des connaissances scientifiques, techniques ou autres de 1920, et contient donc volontairement les arguments, incertitudes ou erreurs d'époque.
Grâce à une science nouvelle, "l'Océanographie", d'immenses progrès ont été accomplis dans nos connaissances sur notre globe, les mers qui le couvrent et les êtres qui y vivent. Cette science, que l'on soupçonnait à peine il y a un demi-siècle, nous a permis de percer les mystères des abîmes de la mer, de ramener au jour les êtres merveilleux qui les peuplent. Dans un nouveau volume de la Bibliothèque des Merveilles, le Fond de la Mer, le Dr Joubin, professeur au Muséum et à l'Institut océanographique, expose les découvertes modernes dont les savants par leurs travaux, leur ingéniosité et leur patience ont enrichi la science de la mer.
Le monde sous-marin
Les travaux des naturalistes océanographes nous ont révélé un monde d'êtres sous-marins que des appareils spéciaux vont chercher à plus de 7000 mètres de profondeur.
Quelles étranges conditions d'existence doivent être celles de ces êtres abyssaux. La lumière solaire se décompose en ses éléments colorés, tels ceux de l'arc-en-ciel, aussitôt qu'elle pénètre dans la mer ; mais les rayons rouges s'éteignent presque tout de suite, puis successivement tous les autres et les derniers qui subsistent, les violets et les ultraviolets, ne disparaissent que vers 1000 mètres de profondeur. Au delà, il n'y a plus trace de lumière solaire.
Mais alors, s'il fait nuit, pourquoi les animaux de ces zones profondes ont-ils des yeux ? C'est que la plupart d'entre eux émettent de la lumière et ce sont eux qui éclairent les abîmes obscurs des océans.
La faune des mers
L'océan dans son ensemble, peut être comparé à une immense cuvette pleine d'eau salée. L'étude de cette eau, extraordinairement compliquée, montre ses variations, ses courants, ses marées, ses profondeurs atteignant presque 10 000 mètres, ses vagues, ses températures, la faune et la flore de ses rivages et de ses profondeurs. Le sol de cette cuvette forme le support des mers, dont on aura une idée des étonnantes variations.
Les êtres qui vivent sur ce sol subissent une pression qui peut dépasser 600 atmosphères ; ce serait terrible pour nous, mais pour eux c'est tout simple ; ils y vivent très bien, avec de singuliers régimes, comme on pourra s'en convaincre.
Parmi ces êtres, les uns sont fixés au fond, les autres peuvent se déplacer. Mais il y en a un bien plus grand nombre qui vivent toujours flottants, soit à la surface, soit à plusieurs milliers de mètres de profondeur. Les uns sont gros, comme les cétacés ou les poissons, les autres sont petits, souvent microscopiques ; ils constituent ce que l'on nomme le plancton; sa masse totale, répartie dans les mers, est énorme, elle est principalement constituée de microscopiques végétaux ; c'est une prairie flottante, immense poussière vivante, que broutent d'innombrables petits animaux herbivores, devenant eux-mêmes la proie d'êtres carnivores plus gros, les sardines par exemple. Les déplacements de ce poisson coïncident avec ceux des bancs de plancton dont la connaissance est du plus grand intérêt pour la pêche.
La mer, destructrice et créatrice de continents
Les contours et le fond de l'Océan ne sont pas immuables; les vagues, les courants démolissent les côtes ; les fleuves et les vents y apportent les débris des continents ; les volcans sous-marins y projettent leurs cendres. Mais il y a aussi une foule d'animaux qui, par leur travail merveilleux, pendant des centaines de siècles, taraudent le sol, désagrègent les falaises ; d'autres, au contraire, construisent de délicates dentelles ou édifient des continents sous-marins. Ce sont les coraux constructeurs de récifs, qui préparent lentement, sans que nous nous en doutions, des continents futurs sous les eaux de l'équateur.
La plupart des animaux marins subissent des métamorphoses, des migrations extrêmement variées, compliquées, mystérieuses ; souvent ils sont parasites ; d'autres sont chasseurs, ils emploient des ruses extrêmement curieuses. Certains s'alimentent de la façon la plus étrange, jouent le rôle de croque-morts, se nourrissent de vase, pêchent à la ligne ou au filet. L'homme s'ingénie à découvrir les faits et gestes de ces merveilleux habitants de l'Océan, vivant dans le mystère des eaux profondes, impénétrable.