Architecture du siècle dernier dans la news rétro de ce dimanche.
Avertissement: Cette news rétro retranscrit des connaissances scientifiques, techniques ou autres de 1928, et contient donc volontairement les arguments, incertitudes ou erreurs d'époque.
Par faute de place ou nécessité de concentration les grandes villes américaines ne pouvant plus, dans le quartier des affaires, gagner en surface, poussent leurs maisons en hauteur. De là sont nés les gratte-ciel. Que vaut cette architecture dont quelques spécimens ont déjà traversé l'Atlantique ?
Une architecture nouvelle se dégage des gratte-ciel, qui n'est pas caractérisée seulement, comme au début, par la hauteur et la masse des bâtiments, mais aussi par la forme artistique que leur donnent aujourd'hui les constructeurs.
Les premiers se sont présentés comme des masses cubiques, des blocks qui se différenciaient des autres immeubles par le nombre des étages (passant de 8 ou 12 à 15 ou 20) et par le mode d'emploi des matériaux: armatures de métal avec revêtement de béton, brique, pierre, marbre, etc. ; mais le style leur faisait défaut. Il s'en construit encore aujourd'hui de même genre: c'est le type courant qui dans le quartier des affaires, à New-York, à Chicago, à San Francisco, dans toutes les grandes villes des Etats-Unis, abritent d'innombrables "offices", des bureaux occupés par différents locataires.
Même parmi des gratte-ciel de la première manière on en trouve un certain nombre qui comptent 30, 40 étages et plus ; ils sont en général la propriété d'entreprises particulières et considérables, banques, compagnies d'assurances, sociétés industrielles ou commerciales, etc. , qui en tirent une note pittoresque et aussi un effet impressionnant de publicité ; mais ce nombre d'étages n'est réalisé que dans une partie restreinte de l'immeuble ; il est dû à l'addition d'une tour, d'un campanile qui ajoutent leurs propres étages à ceux du block, tandis que ceux du block même ne dépassent guère le nombre de 25.
Et il semble bien qu'il ne puisse guère être dépassé. Ce n'est pas que les architectes y soient impuissants ; mais on n'en fera probablement pas l'expérience pour d'autres raisons. La première vient des ascenseurs: à partir d'un certain nombre d'étages, il en faudrait un tel nombre que les cages prendraient la plus grande partie de la place disponible. La seconde, de l'encombrement des voies: voitures et piétons peuvent à peine accéder à des gratte-ciel surpeuplés ; à multiplier les étages et les habitants, on aboutirait à un embouteillage complet.
Sans préjuger de l'avenir, la technique du gratte-ciel semble donc présentement arrêtée à cette formule: 25 étages environ de blocks et une superstructure étroite qui en double le nombre et pourrait même l'augmenter un peu plus: le Woolworth de new-York, qui est actuellement le plus haut gratte-ciel du monde avec ses 241 mètres, compte en tout 55 étages ; pour le Labor Temple de Chicago, encore à l'état de projet, il en est prévu 70.
Ces directives ont conduit les architectes à établir des rapports plus harmonieux entre les deux parties de l'édifice ; tels des derniers construits prennent l'aspect d'une cathédrale avec sa tour ; tel autre, d'un château fort avec son donjon ou d'un vaisseau de haut bord ; l'art a pénétré les gratte-ciel.