Un sablier magnétique cosmique

Le Réseau Sous Millimétrique (SMA, Submillimeter Array) du Harvard-Smithsonian Center for Astrophysics a permis de fournir pour la première fois la preuve de l'existence d'un champ magnétique en forme de sablier, phénomène prédit depuis longtemps par la théorie, dans une région de formation d'étoiles. Les mesures indiquent que la matière dans le nuage interstellaire est suffisamment dense pour qu'il puisse s'effondrer gravitationnellement, dans un processus qui déforme le champ magnétique.


Les astronomes du CfA ont étudié le système protostellaire NGC 1333 IRAS 4A constitué de deux protoétoiles et situé à environ 980 années-lumière de la Terre dans la direction de la constellation de Persée. Leurs conclusions sont parues dans l'édition du 11 Août du journal Science.

NGC 1333 IRAS 4A fait partie du complexe de nuages moléculaires de Persée - un amas de gaz et de poussières de masse équivalente à celle de 130.000 Soleils. Cette région est une pépinière d'étoiles. Sa proximité avec la Terre et son jeune âge en font un laboratoire idéal pour étudier la formation d'étoiles. La théorie prédit que les noyaux des nuages moléculaires qui s'effondrent doivent surmonter les forces dues aux champs magnétiques afin de pouvoir remplir leur rôle de créateur d'étoiles. La concurrence entre l'attraction gravitationnelle vers l'intérieur et la pression magnétique vers l'extérieur doit y produire un motif de sablier déformé du champ magnétique.

Grâce au SMA, Dan Marrone du CfA et ses collègues ont observé les émissions produites par les poussières d'IRAS 4A. Comme les grains de poussières du coeur du nuage s'alignent suivant le champ magnétique, les chercheurs ont pu mesurer la géométrie de ce dernier et estimer son intensité en mesurant la polarisation des émissions. Les données enregistrées indiquent que la pression magnétique a plus d'influence que les turbulences dans le ralentissement de la formation d'étoiles dans le coeur du nuage.


En dépit de l'influence modératrice du champ magnétique, IRAS 4A est assez dense pour que l'effondrement gravitationnel continue. Dans à peu près un million d'années, deux étoiles semblables au Soleil luiront, là où n'existe aujourd'hui qu'un cocon poussiéreux.