La sonde de la NASA Mars Global Surveyor (MGS) est entrée en monde de sécurité le 26 août lorsque l'ordinateur de réserve du vaisseau a tenté de basculer les commandes vers l'ordinateur primaire. Or celui-ci, qui avait déjà connu une défaillance en juillet, n'était pas disponible pour prendre les ordres, ce qui a provoqué cette mise en mode de sécurité.
Vue d'artiste de la sonde Mars Global Surveyor
Durant cette période, les charges utiles scientifiques sont mises en sommeil, le satellite est orienté de façon à garantir l'illumination des générateurs solaires pour assurer la production électrique et les techniciens communiquent avec l'engin spatial via son antenne à faible gain. Ils pensent qu'ils pourront bientôt rétablir les communications avec l'antenne à haut gain.
La Nasa tente actuellement de rétablir la situation le plus rapidement possible, car MGS se trouvera en position idéale la semaine prochaine pour observer l'endroit où la mission Mars Polar Lander a été accidentée pour une raison demeurée inconnue, ce qui devrait permettre de prendre des images détaillées de la région en vue d'optimiser l'atterrissage du lander Phoenix, frère jumeau de Mars Polar Lander, en 2007.
Phoenix / Mars Polar Lander
Phoenix a été construite en utilisant en grande partie des pièces de réserve de Mars Polar Lander, et emporte la même instrumentation de base. C'est suite à la perte du premier que cette mission a été décidée, ce qui explique aussi pourquoi cette mission semble s'écarter de la ligne de conduite américaine, puisqu'il s'agit de la seule mission martienne statique encore programmée, la sonde ne pouvant se déplacer en surface.
L'atterrisseur Phoenix
On comprend dès lors pourquoi la NASA est soucieuse de comprendre ce qui a mal fonctionné avec Mars Polar Lander car Phoenix est susceptible de reproduire le même problème.
Rappelons que d'après la NASA Mars Polar Lander se serait écrasée en décembre 1999 à la surface de Mars suite à la coupure accidentelle de ses rétrofusées, à 40 m au-dessus de la surface. Au lieu d'atterrir comme une plume à environ 2 m/s, la sonde a touché le sol martien avec une vitesse dix fois supérieure et s'est littéralement pulvérisée.
Suivant plusieurs experts, l'accident résulterait d'une simulation incomplète des conditions d'atterrissage. Mars Polar Lander est constitué de deux éléments: l'étage de descente qui fait office d'atterrisseur, doté de rétrofusées et d'un parachute, et le module scientifique. Les programmes originaux prévoyaient la construction de trois modèles de vol, dont deux serviraient aux simulations avant lancement. Mais pour des raisons économiques, un seul modèle supplémentaire a été construit, et chacune des deux parties a été testée séparément dans les conditions qui lui sont particulières: l'atterrisseur en phase de descente et de contact sol, et le module scientifique en milieu spatial ou atmosphère martienne simulée. Le plan initial prévoyait qu'un deuxième exemplaire aurait servi à tester l'ensemble du véhiculecomplètement assemblé, mais cette phase a été éludée.
D'après le scénario prévu, la descente devait s'opérer sous parachute jusqu'à environ 100 m d'altitude, puis la sonde devait se décrocher tout en allumant ses rétro-fusées. Ensuite les pattes devaient se déployer automatiquement, et leur contact avec le sol devait provoquer l'arrêt du propulseur.
Une théorie souvent admise voudrait que ce plan ait été parfaitement suivi jusqu'à la séparation du parachute et l'allumage du moteur. Cependant, le déploiement des pattes aurait provoqué un choc dans la structure qui aurait été interprété par l'ordinateur de bord comme le contact avec le sol, et aurait ainsi provoqué l'arrêt de la rétrofusée alors que la sonde se trouvait encore à 40 m d'altitude. Tombant alors comme une pierre, elle n'aurait pas survécu à la chute.
C'est cette théorie, entre autres, que Mars Global Surveyor tentera de vérifier en photographiant la zone d'atterrissage en haute résolution, ce qui ne sera plus possible avant deux ans car l'endroit, situé en zone polaire martienne, entrera dans la nuit pour une longue durée.