Les personnes vaccinées contre la grippe pandémique en 2009-2010 ont couru un risque minime de contracter le syndrome de Guillain-Barré.
Le vaccin aurait provoqué deux cas de Guillain-Barré par million de doses administrées
La vaccination contre la grippe A (H1N1) aurait entraîné une faible augmentation du
nombre de cas de Guillain-Barré au Québec. C'est la conclusion à laquelle arrive une équipe de la Faculté de
médecine après avoir analysé l'incidence de cette
maladie dans les semaines qui ont suivi la
campagne de vaccination contre la grippe pandémique en 2009-2010.
Le syndrome de Guillain-Barré est une maladie auto-immune relativement rare qui s'attaque aux nerfs et qui provoque une faiblesse généralisée, des sensations anormales et parfois même une
paralysie. On croit qu'elle pourrait survenir après une infection. "C'est une
stimulation du
système immunitaire qui tourne mal, explique l'un des auteurs de l'étude, Philippe De Wals. Les anticorps se trompent de cible et attaquent les cellules nerveuses." Comme le mode de fonctionnement des vaccins consiste justement à stimuler une réaction immunitaire, la vaccination est toujours soupçonnée lorsque des cas de Guillain-Barré surviennent. Peu d'études étaient toutefois parvenues à établir un lien net entre les deux évènements.
Dans l'édition du 12 juillet du
Journal of the American Medical Association, le professeur De Wals et ses collègues rapportent que 83 cas de Guillain-Barré ont été signalés au Québec dans les six
mois qui ont suivi la vaccination de 2009-2010. Vingt-cinq de ces cas touchaient des personnes qui avaient reçu le vaccin dans les huit semaines précédant le déclenchement de la maladie. Selon les analyses des chercheurs, cette incidence dépasse ce que l'on devrait normalement observer. Le vaccin aurait provoqué deux cas de Guillain-Barré par
million de doses administrées; les victimes se trouvent surtout chez les 50 ans et plus. La campagne de 2009-2010, au cours de laquelle 4,4 millions de personnes ont été vaccinées au Québec, aurait donc entraîné 9 cas de Guillain-Barré.
Les chercheurs concluent qu'il s'agit là d'un risque significatif sur le plan statistique, quoique faible. "Les groupes opposés à la vaccination vont probablement se réjouir du lien que nous avons établi entre la vaccination et le Guillain-Barré, reconnaît le professeur De Wals. Il faut toutefois jauger ce risque en tenant compte du fait que 1 cas de grippe pandémique sur 2500 force une hospitalisation, que 1 cas sur 73 000 entraîne un décès et que 90 % des personnes vaccinées sont protégées contre le
virus A (H1N1). Les bénéfices, qui auraient été encore plus grands si la campagne de vaccination avait commencé plus tôt en 2009, dépassent probablement les risques", conclut-il.
L'article paru dans le
Journal of the American Medical Association est signé par Philippe De Wals, Geneviève Deceuninck, Eveline Toth, Nicole Boulianne, Denis Brunet, Renée-Myriam Boucher, Monique Landry et Gaston De Serres.