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Tous à Zanzibar (titre original : Stand on Zanzibar) est un roman de science-fiction, écrit en 1968 par l'écrivain britannique John Brunner.
En 2010, le nombre des êtres humains est tel que, s'ils se tenaient au coude à coude sur l'île de Zanzibar, ils la recouvriraient en entier. La surpopulation entraîne la disparition de toute sphère privée, un contrôle génétique draconien et une anarchie urbaine généralisée. La pollution fait qu'à New York, des distributeurs d'oxygène sont à la disposition de ceux qui ont besoin de faire le plein avant de traverser les rues. La consommation de tranquillisants, pour limiter les nécessaires tensions sociales dues à la promiscuité, s'est généralisée.
Les radiations ont entrainé l'augmentation du taux des maladies héréditaires à un tel point que des mesures draconiennes sont prises : les individus porteurs sont automatiquement stérilisés et seuls se reproduisent ceux qui ont des caryotypes sains. L'eugénisme est développé. Évidemment, la liberté individuelle est résolument refusée.
À New York, Norman, un jeune Afro-Américain, travaille pour la toute-puissante General Technic Corporation dont le superordinateur Shalmaneser organise l'achat pur et simple d'un pays africain. Son compagnon d'appartement, Donald, apparemment un simple étudiant, est en fait recruté par les services secrets qui l'envoient s'emparer de la découverte d'un généticien d'un pays du tiers monde qui ferait de tous les nouveau-nés des génies prédéterminés.
Tous à Zanzibar de John Brunner a reçu le prix Hugo du meilleur roman de science-fiction et le prix British Science-Fiction en 1969 et le prix Apollo en 1973.
À l'origine, John Brunner avait écrit un très court récit paru en 1967 et qu'il reprit et amplifia jusqu'à en faire un livre trois fois plus long qu'un roman normal. C'est en effet un livre-monde, qualifié de non-roman par son auteur. Le récit traditionnel est déconstruit, car la narration court sur quatre pistes différentes, imbriquées les unes dans les autres, mais séparées au sommaire afin que des lecteurs désireux de ne pas lire telle ou telle partie puissent le faire sans inconvénient. Cette écriture se rapproche de celle d'un John Dos Passos dans la trilogie U.S.A.
D'abord le contexte qui, comme le mot l'indique, permet de se faire une idée de ce monde de 2010. Puis le monde en marche, composé de très rapides vignettes, des instantanés aux phrases parfois inachevées, sur l'époque, qui permettent non plus d'en avoir une vision d'ensemble, mais de le regarder par le petit bout de la lorgnette comme les gens qui y vivent. Ensuite, jalons et portraits où, cette fois, l'auteur nous présente des êtres vivants, ne faisant généralement pas partie de l'intrigue, mais habitant ce monde et le vivant au sens le plus quotidien du terme. Enfin, la continuité raconte l'histoire proprement dite de Stand on Zanzibar. Pour rendre la panique qui s'empare de cette humanité, John Brunner a une langue exubérante, déploie une remarquable invention dans le langage, fort bien rendue par le traducteur français.
Le procédé narratif est annoncé d'emblée dans le court chapitre intitulé "Contexte 0" servant d'exergue au roman, citation d'une page de "la Galaxie Gutenberg" du sociologue et théoricien des médias Marshall McLuhan. Cette page décrit la méthode d'Innis et selon cette méthode, le roman qui suit est une mosaïque, une configuration ou une galaxie destinée à éclairer le monde futur imaginé par l'auteur.
C'est une œuvre maîtresse. On peut considérer qu'avec les œuvres de Philip K. Dick, c'est l'un des fondements du cyberpunk. L'univers de Stand on Zanzibar avait tellement marqué John Brunner qu'il écrivit un second roman se déroulant dans le même cadre, l'Orbite déchiquetée (The Jagged Orbit, 1969).