Des bactéries nous protègent contre les infections

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Les humains sont colonisés par plus de 100 000 milliards de bactéries qui résident principalement au niveau de la peau ou des surfaces muqueuses telles que l'appareil digestif ou génital. La bactérie la plus connue au niveau de l'intestin s'appelle Escherichia coli. La présence de ces bactéries est un exemple de vie en symbiose entre les microorganismes et l'homme. La flore intestinale par exemple favorise le transit, élimine des molécules que le corps ne peut pas absorber, et est une importante source de synthèse de molécules indispensables telles que la vitamine K qui joue un rôle essentiel dans la coagulation sanguine. En échange le corps humain fournit à ces bactéries des éléments indispensables à leur survie. Enfin, la flore intestinale offre un moyen de protection à l'homme contre les infections grâce à son rôle de barrière physique, protégeant contre l'invasion d'autres bactéries, mais aussi en favorisant la réponse immunitaire contre une nouvelle infection. Ainsi, toute modification de l'un ou de l'autre de ses constituants est susceptible de perturber l'équilibre et le fonctionnement de l'ensemble.

Plusieurs études se sont intéressées à étudier la flore intestinale et son implication dans la régulation de l'immunité de l'hôte montrant qu'il pouvait exister des interrelations indispensables à la bonne capacité de réponse du système immunitaire lors d'une infection. D'ailleurs, il a été observé que de manière contradictoire, la prise à long terme d'antibiotiques (utilisées pour lutter contre une infection bactérienne) pouvait engendrer des infections bactériennes secondaires sévères. L'étude menée par Jeffrey Weiser, professeur de microbiologie et de pédiatrie à l'Ecole de Médecine de l'Université de Pennsylvanie, et publiée dans la revue Nature Medecine montre comment les bactéries qui nous colonisent ont la propriété de maintenir notre système immunitaire prêt à se déclencher contre une nouvelle infection.


Des bactéries Streptococcus pneumoniae (en rouge) sont attaquées par un neutrophile (en bleu)
Illustration: Jeffrey Weiser, PhD, University of Pennsylvania School of Medicine

Les polynucléaires neutrophiles semblent jouer un rôle prépondérant dans ce lien entre flore intestinale et réponse immunitaire. Ces neutrophiles sont des globules blancs impliqués dans la réponse immunitaire rapide contre une infection. Les auteurs de l'étude montrent que les bactéries, dont la paroi est composée de peptidoglycane, induisent systématiquement une augmentation de la réponse immunitaire et la destruction par les neutrophiles de deux pathogènes majeurs que sont Streptococcus pneumoniae et Staphylococcus aureus. Cette action requiert la présence de récepteurs Nod1 à la surface des neutrophiles qui sont capables de se lier avec le peptidoglycane issu des bactéries intestinales. Par contre, l'administration d'antibiotiques détruit les bactéries de la flore intestinale, et donc le peptidoglycane qui compose leurs parois, limitant la capacité des neutrophiles à réagir et à éliminer les pathogènes bactériens plus susceptibles d'infecter l'hôte. Ce travail permet d'apporter une explication rationnelle aux bénéfices potentiels apportés par les probiotiques, ces micro-organismes ajoutés dans certains yaourts par exemple, qui pourraient contribuer à maintenir le système immunitaire prêt à réagir. Enfin, ces résultats suggèrent qu'il semble possible de contrer les conséquences néfastes des antibiotiques chez l'homme.

Note:
D'après Clarke TB et al., Nature Medicine, 2010, "Recognition of peptidoglycan from the microbiota by Nod1 enhances systemic innate immunity".


Auteur de l'article: Pierre-Alain Rubbo
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