Débusquer l'hypertension masquée

Publié par Adrien le 08/11/2018 à 08:00
Source: Jean Hamann - Université Laval
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L'hypertension masquée sévit dans la vie de tous les jours sans être détectée lors d'un examen médical. Jusqu'à 30% de la population serait aux prises avec ce trouble que l'on décrit comme un tueur silencieux.
Une étude décrit les facteurs qui augmentent le risque d'être atteint de cet insidieux problème de santé

Êtes-vous un homme ? Avez-vous plus de 40 ans ? Avez-vous un diplôme collégial ou universitaire ? Trimbalez-vous un surpoids ? Fumez-vous ? Prenez-vous six consommations d'alcool ou plus par semaine ? Si vous avez répondu oui à ces questions, vous courez un plus grand risque d'être atteint d'hypertension masquée. C'est ce que suggère une étude publiée dans l'European Journal of Preventive Cardiology par une équipe de la Faculté de médecine et du Centre de recherche du CHU de Québec - Université Laval.

L'hypertension masquée sévit dans la vie de tous les jours sans être détectée lors d'un examen médical. Jusqu'à 30% de la population serait aux prises avec ce problème de santé que l'on décrit comme un tueur silencieux. Le risque d'événements cardiovasculaires chez les personnes ayant une hypertension masquée est presque aussi élevé que chez les personnes dont l'hypertension fait l'objet d'un suivi médical.

Le sujet a déjà fait l'objet d'études de prévalence, mais l'article paru dans l'European Journal of Preventive Cardiology serait la première recherche portant sur l'incidence de ce trouble et sur les facteurs de risque qui y sont associés. "Les participants que nous avons suivis avaient une tension artérielle normale au départ, ce qui nous a permis d'isoler les variables sociodémographiques et les habitudes de vie qui augmentent le risque que l'hypertension masquée se développe", explique le responsable de l'étude, Xavier Trudel.

Les chercheurs ont recruté 1836 personnes à l'emploi de trois compagnies d'assurance canadiennes. La pression artérielle des participants a été mesurée de façon classique ainsi qu'au moyen d'un appareil portatif qui enregistrait la pression toutes les 15 minutes pendant la journée de travail. Cette procédure a été répétée à trois reprises à plusieurs mois d'intervalle pour chaque participant. On considère qu'il y a hypertension masquée lorsque les valeurs de pressions systolique et diastolique prises manuellement sont inférieures à 140 et à 90 et que les pressions ambulatoires sont au moins 135 et au moins 85.

Tous les sujets avaient une tension normale au départ, mais 10,3% d'entre eux ont été atteints d'hypertension masquée pendant la période de suivi qui a duré, en moyenne, 2,9 années. Le risque était plus élevé chez les hommes (1,5 fois), les plus de 40 ans (1,5 fois), les fumeurs (1,5 fois), les personnes ayant un indice de masse corporelle de 27 ou plus (1,4 fois), les gens qui consommaient 6 verres d'alcool ou plus par semaine (1,7 fois) et les détenteurs d'un diplôme collégial ou universitaire (1,3). "Ce dernier résultat est contre-intuitif parce qu'en général les gens qui ont un niveau de scolarité plus élevé sont moins touchés par les maladies cardiovasculaires, constate le professeur Trudel. Notre hypothèse est que cette hausse du risque d'hypertension masquée est attribuable à des caractéristiques du travail occupé par ces personnes, soit une demande psychologique élevée et une latitude décisionnelle élevée."

L'hypertension masquée n'est pas un problème de santé qui disparaît du jour au lendemain. Dans un groupe de 100 personnes qui en sont atteintes, environ 20% auront toujours une hypertension masquée cinq ans plus tard alors que 37% souffriront d'hypertension en bonne et due forme. Du point de vue pratique, il serait irréaliste de recommander la prise de mesures ambulatoires pour toutes les personnes ayant une pression normale en clinique, souligne le professeur Trudel. "Si les facteurs de risque mis en lumière par notre étude sont confirmés par d'autres travaux de recherche, ils pourraient servir à établir le profil des personnes pour qui il serait prioritaire de mesurer la pression ambulatoire."

L'étude a été réalisée par Xavier Trudel, Chantal Brisson, Caroline S.Duchaine, Violaine Dalens, Denis Talbot et Alain Milot, de la Faculté de médecine et du Centre de recherche du CHU de Québec - Université Laval, et par Mahée Gilbert-Ouimet, de l'Institute for Work & Health.
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