Dans les profondeurs de la Terre, un phénomène intrigant se dévoile: une fine couche entourant le métal en fusion du noyau externe. L'origine de cette couche, appelée couche Eʹ, est restée incomprise pendant des décennies. Cependant, des chercheurs pensent désormais avoir identifié l'origine de cette différenciation: l'eau présente à la surface de la Terre.
Image: Argonne National Laboratory / Flickr / CC 2.0
Contrairement à ce que l'on pourrait penser, l'eau ne s'infiltre pas sur des milliers de kilomètres à travers un trou. Elle est transportée par des plaques tectoniques descendantes et finit par atteindre le noyau après un voyage de 2 900 kilomètres. Ce processus est lent, mais au fil de milliards d'années, l'eau de la surface a altéré la limite entre le bas du manteau et le haut du noyau externe.
Cette couche, riche en hydrogène et appauvrie en silicate, mesure quelques centaines de kilomètres d'épaisseur, ce qui est mince comparé au diamètre du noyau externe: 6 970 kilomètres. Selon le scénario d'altération par l'eau, cette couche modifiée de métal liquide génère des cristaux de silice qui migrent dans le manteau. On s'attend également à ce que cette couche soit moins dense et présente une vitesse sismique plus faible, des caractéristiques mesurées par les géologues.
"Pendant des années, on a cru que les échanges de matériaux entre le noyau et le manteau terrestres étaient minimes. Pourtant, nos récentes expériences sous haute pression révèlent une autre réalité. Nous avons découvert que lorsque l'eau atteint la limite noyau-manteau, elle réagit avec le silicium du noyau, formant de la silice", explique le co-auteur Dr. Dan Shim, de l'Université d'État de l'Arizona, dans un communiqué.
Illustration de l'intérieur de la Terre révélant une subduction d'eau et un panache de magma ascendant. À l'interface où l'eau rencontre le noyau, un échange chimique se produit pour former une couche riche en hydrogène dans le haut du noyau externe et de la silice dense au bas du manteau. Image fournie par l'Université Yonsei
"Cette découverte, en plus de notre observation antérieure de la formation de diamants à partir de l'eau réagissant avec le carbone dans le liquide de fer sous une pression extrême, indique une interaction noyau-manteau bien plus dynamique, suggérant des échanges substantiels de matériaux."
Cette avancée dans notre compréhension de la Terre ouvre de nouvelles perspectives sur les processus internes de notre planète, suggérant un cycle de l'eau mondial bien plus étendu que ce qui était auparavant connu. La modification de ce "film" du noyau a des implications profondes sur les cycles géochimiques reliant le cycle de l'eau en surface avec le noyau métallique profond.