Cette année, le ciel d'octobre pourrait offrir un spectacle rare: deux comètes devraient devenir visibles simultanément. La première, découverte récemment, suit une orbite extrêmement longue. La seconde, détectée au début de l'année, croisera la Terre à la même période. Une opportunité exceptionnelle pour les amateurs d'astronomie.
Nommée C/2025 R2 (SWAN), la première comète a été repérée le 12 septembre grâce à l'Observatoire de Dynamique Solaire de la NASA, qui surveille en permanence notre étoile. L'instrument SWAN, conçu pour étudier le vent solaire, a permis à l'astronome amateur ukrainien Vladimir Bezugly d'identifier la comète dans les images. Classée officiellement par l'Union Astronomique Internationale, elle suit une orbite d'environ 22 554 ans. Autrement dit, la dernière fois qu'elle est passée près de la Terre, l'humanité vivait encore à l'époque glaciaire.
La comète C/2020 F8 (SWAN), découverte en 2020, montre l'apparence que pourra avoir C/2025 R2 (SWAN) Image Wikimedia
Actuellement proche du Soleil et visible surtout depuis l'hémisphère sud, C/2025 R2 (SWAN) s'approchera de la Terre le 21 octobre. Elle passera à seulement 0,27 unité astronomique, soit environ 40 millions de kilomètres (un quart de la distance Terre-Soleil). Sa luminosité pourrait alors atteindre une magnitude 4, la rendant perceptible à l'œil nu sous un ciel sombre. Les astronomes estiment même que la Terre pourrait traverser un nuage de débris début octobre, créant une pluie d'étoiles filantes inhabituelle.
Dans le même temps, une autre comète, C/2025 A6 (Lemmon), découverte en janvier depuis l'Arizona, atteindra elle aussi son point le plus proche de la Terre autour du 21 octobre. Sa magnitude devrait également avoisiner 4, ce qui la rendra visible sans instrument. Les nuits du 20 au 23 octobre, juste après la nouvelle lune et pendant le maximum des Orionides, offriront donc des conditions idéales pour l'observation.
La dernière comète brillante visible à l'œil nu remonte à 2020, avec NEOWISE. En voir deux en même temps est un événement rarissime. Les spécialistes rappellent toutefois que la luminosité des comètes est imprévisible: certaines s'éteignent rapidement ou se fragmentent. Mais tout le monde est invité à tenter sa chance, avec des jumelles ou un petit télescope pour profiter pleinement des détails de leur chevelure et de leurs queues.
Les comètes à longue période
Les comètes à longue période, comme C/2025 R2 (SWAN), proviennent du nuage d'Oort, une vaste zone située aux confins du Système solaire, à plusieurs milliers de milliards de kilomètres du Soleil. Ce réservoir glacé abrite des milliards de noyaux cométaires qui peuvent mettre des dizaines de milliers d'années à effectuer une orbite complète.
Une perturbation gravitationnelle — par exemple le passage d'une étoile proche — peut projeter une comète vers l'intérieur du Système solaire. En s'approchant du Soleil, ses glaces se subliment, libérant des jets de gaz et de poussière qui forment la chevelure et les queues (deux peuvent être observées) visibles depuis la Terre.
Contrairement aux comètes à courte période (comme Halley, qui revient tous les 76 ans), celles à longue période ne peuvent être observées qu'une seule fois. Leur étude fournit des indices précieux sur les matériaux primitifs qui existaient lors de la formation du Système solaire, il y a 4,5 milliards d'années.
La magnitude en astronomie
La magnitude est une échelle utilisée pour mesurer la luminosité apparente d'un objet céleste. Plus la valeur est faible, plus l'objet est brillant:
- le Soleil: magnitude -27,
- la Lune pleine: magnitude -13,
- les étoiles les plus faibles visibles à l'œil nu: magnitude +6.
Une comète de magnitude 4 est donc visible sans instrument dans un ciel sombre, loin de la pollution lumineuse. En ville, l'usage de jumelles est recommandé pour distinguer la chevelure ou les éventuelles queues.
Les prévisions de magnitude restent cependant incertaines: les comètes sont imprévisibles, leur activité pouvant s'intensifier... ou s'éteindre brutalement. Mais dans le cas de SWAN et de Lemmon, l'automne 2025 s'annonce déjà comme une période de choix pour l'observation.