Une équipe internationale a mis en évidence les perturbations des flux de gaz et de fluides de la croûte terrestre suite au séisme de Gorkha en 2015. Ces observations mènent à une meilleure compréhension du rôle des systèmes hydrothermaux dans la déformation liée à ce séisme.
Carte des émissions de dioxyde de carbone et des sources chaudes au Népal Central affectées par le séisme de Gorkha d'avril 2015.
Les connaissances actuelles ne permettent pas de prédire les grands tremblements de terre, alors même qu'une population grandissante, dans le nord de l'Inde par exemple, est exposée à ce type de risque. Mais de nombreuses pistes scientifiques sont actuellement explorées pour permettre une meilleure connaissance des mécanismes de déclenchement d'un séisme, mais aussi des effets induits par le séisme
autour de lui. Les manifestations liées aux fluides de la
croûte terrestre (circulation de l'eau souterraine, émission de dioxyde de
carbone (CO2)) suite à un séisme suggèrent notamment une
interaction forte entre ces fluides et les mécanismes liés aux séismes.
Eruption de CO2 après le séisme de Gorkha sur le site hydrothermal de Syabru-Bensi au Népal central.
Le séisme meurtrier de Gorkha au Népal en avril 2015, suivi de nombreuses répliques qui ont considérablement compliqué le travail des secours, est encore dans toutes les mémoires comme une catastrophe majeure de ce début de
siècle. C'était aussi le premier séisme en Himalaya dont l'
instrumentation de la zone a permis une comparaison des mesures faites avant et après le séisme. Ces circonstances ont permis aux scientifiques de faire des
observations spectaculaires.
Dans une étude publiée dans
Nature Communications ce 27 juillet, une équipe internationale pilotée par des chercheurs de l'
Institut de
Physique du Globe de
Paris (IPGP) a ainsi mis en évidence que cette crise sismique a été accompagnée par des émissions massives de gaz CO2 au
voisinage de sources chaudes de la haute
chaîne himalayenne. Ces émissions se sont produites sur plusieurs sites distants de plus de 10
kilomètres, et persistent encore aujourd'hui. De plus, une de ces sources chaudes, un site de pèlerinage important, s'est
complètement arrêtée 6 mois après le séisme.
Arrêt total de la source chaude de Chilime au Népal central après le séisme de Gorkha.
Ces observations montrent pour la première fois que la remontée de ce CO2 produit dans la croûte terrestre, qu'on identifie grâce à sa composition isotopique, est intimement liée aux séismes. En outre, des bouffées intermittentes de CO2 auraient été observées avant le séisme de Gorkha, ce qui ouvre à nouveau la possibilité de l'existence de signaux précurseurs de séismes. Ces observations pré-sismiques restent néanmoins à être confirmées, mais de nouvelles études sont déjà en cours pour analyser plus précisément cette perspective.