Apparu en 2004 en France, le frelon à pattes jaunes ou frelon asiatique, représente une menace pour l'apiculture mais aussi pour la biodiversité, notamment celle des insectes pollinisateurs. Considéré comme envahissant, il représente un sérieux prédateur pour l'abeille domestique. Les populations d'abeilles, en déclin partout dans le monde, sont fragilisées par les attaques de ce prédateur apparu récemment. Les unités Evolution Génomes Comportement Ecologie (EGCE - CNRS / Univ. Paris Sud / IRD), Biogéosciences (CNRS / Univ. de Bourgogne) et Santé et Agroécologie du Vignoble (SAVE) de l'Inra étudient les bases olfactives du comportement du frelon asiatique afin de comprendre les modes d'orientation de ce prédateur mais aussi de développer des stratégies de lutte ou de piégeage efficaces. Les premiers résultats de cette étude sur l'orientation olfactive ont été publiés dans la revue Plos One le 30 décembre 2014.
Originaire du Nord de l'Inde, de Chine et d'Indonésie, le frelon asiatique, Vespa velutina est apparu en France en 2004, et il s'est largement répandu depuis. Il se nourrit essentiellement d'hyménoptères et en particulier d'abeilles domestiques, Apis mellifera. Source importante de protéines pour l'alimentation de ses larves, les abeilles constituent les principales proies du frelon asiatique. Partout dans le monde, les populations d'abeilles sont en déclin. Ce nouveau prédateur contribue à l'affaiblissement des colonies, même s'il n'est pas le seul facteur en cause. Les abeilles étant parmi les principaux pollinisateurs de fleurs sauvages et de cultures agricoles, leur disparition est une préoccupation majeure. Le frelon a été classé, dans ce contexte, espèce nuisible pour l'abeille domestique en France sur arrêté ministériel du 28 décembre 2012, ce qui donne un cadre légal à sa destruction.
Attiré par l'odeur du miel et du pollen
Pour détecter ses proies à distance, le frelon fait usage de signaux olfactifs. Bien que la nature de ces signaux demeure encore inconnue, ils s'avèrent efficaces pour la détection de sources alimentaires. Les équipes de recherche des unités Evolution Génomes Comportement Ecologie de Gif-sur-Yvette (CNRS / Univ. Paris Sud / IRD) et Santé et Agroécologie du Vignoble de l'Inra de Bordeaux ont étudié le pouvoir attractif de différents composés caractéristiques des ruches.
Un test à choix multiples, dans lequel des ouvrières de frelons sauvages V.velutina choisissent un ou plusieurs appâts odorants a été mis en place par les chercheurs. Il en résulte que le frelon est fortement attiré par l'odeur des produits de la ruche, tels que le pollen et le miel. Lors du test de composés spécifiques, le géraniol, constituant de la phéromone d'agrégation des abeilles et le p-xylène, molécule que l'on retrouve entre autres dans le poisson ou les fruits de mer, se sont également révélés très attrayants. Les phéromones produites par les larves d'abeille ou par la reine ont également attiré le frelon, mais dans une moindre mesure.
Ces travaux permettent de mieux comprendre les déterminants de l'orientation de ce prédateur et ouvrent la possibilité d'une lutte par piégeage plus efficace.