"Mais où sont donc passées les petites cuillères ?" est une question récurrente qui se pose sur les lieux de repos des entreprises. Dans le British Medical Journal, des scientifiques de l'Institut Burnet en Australie ont essayé d'analyser le phénomène de la disparition des cuillères à café et de son effet sur la vie de bureau.
Les chercheurs ont fait l'acquisition et numéroté discrètement 70 petites cuillères en acier inoxydable (54 de qualité ordinaire et 16 de meilleure qualité). Les cuillères ont ensuite été dispersées dans quelques cafétérias des alentours de l'Institut et ont été comptabilisées chaque semaine pendant plus de cinq mois. A la fin de cette période, les personnels ont été informés du projet de recherche et invités à remplir un bref questionnaire anonyme sur leurs attitudes envers les cuillères à café et leurs connaissances sur le phénomène de chapardage.
Durant l'étude, 56 (80%) des 70 cuillères à café avaient disparu. Leur demi-vie est de 81 jours (la moitié des cuillères a disparu de manière permanente après ce laps de temps) ; cette demi-vie étant sensiblement plus courte dans les cafétérias en ville (42 jours) que dans celles situées dans les entreprises (77 jours).
Le taux de perte n'est pas influencé par la valeur des petites cuillères et l'incidence globale de leur disparition est de 360,62 pour 100 années d'existence. À cette cadence, environ 250 petites cuillères devraient être achetées annuellement pour maintenir une population exploitable de 70 cuillères, selon les auteurs.
Le questionnaire a prouvé que la plupart des employés (73%) étaient mécontents de la pénurie de cuillères à café à l'Institut, ce qui laisse à penser que les petites cuillères sont une partie essentielle de la vie de bureau. La vitesse rapide des disparitions prouve que la disponibilité des petites cuillères (et donc de la qualité de vie) est perpétuellement remise en cause.
Une explication possible du phénomène est le "résistantialisme" (la théorie selon laquelle les objets inanimés ont une aversion naturelle pour les êtres humains). Cela est démontré par le fait que les gens ont peu ou pas de contrôle sur les migrations des petites cuillères.
Etant donné la nature universelle de ces résultats, les auteurs proposent que le développement de mesures de contrôle pertinentes contre la disparition des petites cuillères devrait être une priorité de recherches.