Dans un monde en mutation rapide, les zones qui méritent d'être protégées contre les menaces actuelles et futures doivent être identifiées. Cela est difficile à faire objectivement dans le vaste domaine des océans, et particulièrement dans le plus éloigné d'entre eux: l'
Océan Austral (L'océan Austral ou océan Antarctique ou océan glacial Antarctique est l'étendue d'eau qui...). Un article publié cette semaine dans la revue Nature (accompagné d'un Data Paper dans la revue Scientific Data) décrit une nouvelle solution à ce problème, grâce à l'utilisation de
données (Dans les technologies de l'information (TI), une donnée est une description élémentaire, souvent...) de suivi des oiseaux et des mammifères marins.
© Ryan Reisinger
La solution repose sur un principe simple: les animaux se rendent dans des endroits où ils trouvent de la nourriture. Ainsi, en identifiant les zones de l'Océan
Austral (Le mot austral (du latin australis) est un adjectif qualifiant ce qui se situe dans l'hémisphère...) où les prédateurs se rendent le plus souvent, on peut également savoir où se trouvent leurs proies. Les baleines à bosse vont dans des endroits où elles peuvent accéder au krill, tandis que les éléphants de mer et les albatros vont dans des endroits où ils peuvent trouver des
poissons (Les Poissons sont une constellation du zodiaque traversée par le Soleil du 12 mars au 18...), des calmars ou d'autres proies. Si tous ces prédateurs et leurs diverses proies se trouvent au même endroit, alors cette zone présente à la fois une grande
biodiversité (La biodiversité est la diversité naturelle des organismes vivants. Elle s'apprécie...) et une grande abondance d'espèces, ce qui indique qu'elle revêt une grande importance écologique.
Ce projet a été mené par le Comité Scientifique pour les Recherches Antarctiques (SCAR), avec le soutien du Centre de synthèse et d'analyse sur la biodiversité, France, et du WWF-RU. Le SCAR a fait appel à son vaste
réseau (Un réseau informatique est un ensemble d'équipements reliés entre eux pour échanger des...) de chercheurs antarctiques pour rassembler les données existantes sur le suivi des prédateurs de l'Océan Austral. Après une curation minutieuse, le résultat a été une énorme
base de données (En informatique, une base de données (Abr. : « BD » ou...) de suivi de plus de 4000 individus de 17 espèces, recueillies par plus de 70 scientifiques dans le cadre de 12 programmes nationaux en
Antarctique (L'Antarctique (prononcé [ɑ̃.taʁk.tik] Écouter) est le continent le plus...). Cette base de données est maintenant disponible pour le
téléchargement (En informatique, le téléchargement (en anglais download) est l’opération de transmission...) public.
Même cette impressionnante base de données ne représente pas directement toute l'activité des prédateurs de l'Océan Austral, car il est impossible de suivre toutes les espèces à partir de toutes leurs colonies de reproduction. Une simple
cartographie (La cartographie désigne la réalisation et l'étude des cartes géographiques. Le...) fournirait donc une représentation biaisée de la distribution des animaux. Pour surmonter ce problème, des modèles
statistiques (La statistique est à la fois une science formelle, une méthode et une technique. Elle...) sophistiqués ont été développés pour estimer les mouvements en mer de toutes les colonies connues de chaque espèce de
prédateur (Un prédateur est un organisme vivant qui met à mort des proies pour s'en nourrir ou pour...) dans l'
ensemble (En théorie des ensembles, un ensemble désigne intuitivement une collection...) de l'océan. Ces estimations ont été combinées pour les 17 espèces afin de fournir une carte intégrée des zones utilisées par de nombreux prédateurs ayant des besoins en proies variés.
Ces zones d'importance écologique sont dispersées autour du plateau continental de l'Antarctique et deux, plus massives, dans deux régions océaniques, l'une faisant saillie de la péninsule Antarctique et se projetant sur l'arc de Scott, et l'autre entourant les îles subantarctiques dans le secteur indien de l'Océan Austral. Les Aires Marines Protégées (AMP) – un outil important dans la boîte à outils de la gestion de la conservation – existantes et proposées se trouvent pour la plupart dans des aires écologiques importantes identifiées par RAATD, ce qui laisse supposer qu'elles sont actuellement aux bons endroits. Pourtant, lorsque l'on utilise les projections des modèles climatiques du GIEC pour tenir compte de la façon dont les zones d'habitat important sont susceptibles de se déplacer d'ici 2100, les mêmes AMP peuvent ne pas rester alignées avec l'habitat important. Des AMP dynamiques, mises à jour au fil du temps en réponse aux changements en cours, sont donc nécessaires pour assurer la protection continue des écosystèmes de l'Océan Austral et de leurs ressources face à la demande croissante des générations actuelles et futures.
© Ryan Reisinger
Références:
Deux articles sont associés pour cette étude, un data paper (Ropert-Coudert et al.) et un article de synthèse (Hindell et al.). Dans les deux articles, les 3 premiers auteurs (*) sont des co-premiers signataires (3 premiers auteurs) et les 3 derniers sont des co-derniers signataires. Les co-auteurs français sont soulignés.
Hindell M*, Reisinger R*, Ropert-Coudert Y*, Huckstadt L, Trathan P, Bornemann H, Charrassin JB, Shown S, Costa DP, Danis B, Lea MA, Thompson D, Torres L, Van de Putte A, Alderman R, Andrews-Goff V, Arthur B, Ballard G, Bengtson J, Bester M, Blix AS, Boehme L, Bost CA, Boveng P, Cleeland J, Constantine R, Corney S, Crawford R, Dalla Rosa L, PJN de Bruyn, Delord K, Descamps S, Double MC, Emmerson L, Fedak M, Friedlaender A, Gales N, Goebel M, Goetz K, Guinet C, Goldsworthy S, Harcourt R, Hinke J, Jerosch K, Kato A, Kerry K, Kirkwood R, Kooyman G, Kovacs K, Lawton K, Lowther A, Lydersen C, Lyver P, Makhado A, Márquez M, McDonald B, McMahon C, Muelbert M, Nachtsheim D, Nicholls K, Nordøy E, Olmastroni S, Phillips R, Pistorius P, Plötz J, Pütz K, Ratcliffe N, Ryan P, Santos M, Southwell C, Staniland I, Takahashi A, Tarroux A, Trivelpiece W, Wakefield E, Weimerskirch H, Wienecke B, Xavier J, Wotherspoon S, Jonsen I, Raymond B.
Tracking of marine predators to protect Southern (Southern est le nouveau nom de la concession ferroviaire, initialement exploitée par Connex South...) Ocean ecosystems. Nature.
Ropert-Coudert Y*, Van de Putte A*, Reisinger R*, Bornemann H, Charrassin JB, Costa DP, Danis B, Huckstadt L, Jonsen I, Lea MA, Thompson D, Torres L, Trathan P, Wotherspoon S, Ainley D, Alderman R, Andrews-Goff V, Arthur B, Ballard G, Bengtson J, Bester M, Blix AS, Boehme L, Bost CA, Boveng P, Cleeland J, Constantine R, Crawford R, Dalla Rosa L, PJN de Bruyn, Delord K, Descamps S, Double MC, Emmerson L, Fedak M, Friedlaender A, Gales N, Goebel M, Goetz K, Guinet C, Goldsworthy S, Harcourt R, Hinke J, Jerosch K, Kato A, Kerry K, Kirkwood R, Kooyman G, Kovacs K, Lawton K, Lowther A, Lydersen C, Lyver P, Makhado A, Márquez M, McDonald B, McMahon C, Muelbert M, Nachtsheim D, Nicholls K, Nordøy E, Olmastroni S, Phillips R, Pistorius P, Plötz J, Pütz K, Ratcliffe N, Ryan P, Santos M, Southwell C, Staniland I, Takahashi A, Tarroux A, Trivelpiece W, Wakefield E, Weimerskirch H, Wienecke B, Xavier J, Raymond B, Hindell MA.
The retrospective analysis of Antarctic tracking data project. Nature Scientific Data.
Contacts:
- Yan ROPERT COUDERT -
Centre d'études biologiques de Chizé (CEBC - CNRS/Univ La Rochelle) - yan.ropert-coudert at cebc.cnrs.fr
- Jean-Benoît CHARRASSIN -
Laboratoire d'océanographie et du climat : expérimentations et approches numériques (LOCEAN - MNHN/CNRS/IRD/Sorbonne U) - jbclod at locean-ipsl.upmc.fr
- Bruno Michaud - Communication -
Centre d'études biologiques de Chizé (CEBC - CNRS/Univ. La Rochelle) - bruno.michaud at cebc.cnrs.fr