Certains fabricants ont entrepris une révision du design de leurs voitures pour accommoder les personnes obèses, mais il s'agit encore de l'exception.
Les problèmes de santé liés au surpoids et le design inadéquat des automobiles augmentent les risques pour les personnes obèses lorsqu'elles prennent le volant.
Parmi le lot de problèmes associés à l'obésité, il faut maintenant compter le risque d'être impliqué dans un accident routier et de subir des blessures plus graves que la moyenne des conducteurs. "Les personnes obèses doivent prendre conscience de ce risque et adopter une approche préventive à cet effet, estime l'étudiant-chercheur en
kinésiologie Martin Lavallière qui signe avec Grant Handrigan, Normand Teasdale et Philippe Corbeil, du Département de
médecine sociale et préventive de l'
Université Laval, un article synthèse sur le sujet dans un récent numéro du
Journal of Transportation Safety & Security.
Les chercheurs ont passé en revue 75 études portant précisément sur le lien entre l'obésité et les risques associés à la conduite automobile. Il en ressort que des problèmes de santé qui touchent plus souvent les personnes obèses, qu'on pense aux problèmes oculaires, à la somnolence induite par l'
apnée du
sommeil ou au
diabète, ont des répercussions sur les risques d'accident.
En plus, lorsqu'il y a collision, l'inadéquation entre le design de l'auto et la morphologie des personnes obèses peut accroître la
gravité des blessures. Au Canada, rappellent les chercheurs, les autos sont conçues en fonction du 50e percentile des hommes; les designers prévoient des mécanismes d'ajustements pour les ceintures de sécurité ou pour les sièges de façon à accommoder des conducteurs plus petits (5e percentile des femmes) et plus costauds (95e percentile des hommes, soit un poids de 97,5 kg, une taille de 1,85 m et un indice de poids corporel de 28,5). "Au-delà de ces valeurs anthropométriques, les interactions avec la
ceinture de sécurité et les sacs gonflables pourraient ne pas se produire comme prévu. Les autos n'ont pas été conçues en fonction des personnes obèses", résume Martin Lavallière.
Des tests de collisions réalisés avec des cadavres ont d'ailleurs démontré que le corps des personnes obèses répondait différemment lors d'un impact. "Les hanches avancent deux fois plus que chez les sujets de poids normal, comme si le corps glissait sous la ceinture, ce qui augmente le risque de blessures aux genoux et aux hanches", précise l'étudiant-chercheur. En plus, comme la ceinture de sécurité s'appuie sur le bas du thorax plutôt que sur le haut (plus rigide), les blessures aux côtes et aux poumons sont plus fréquentes lors des collisions. Enfin, plus les gens sont obèses, moins l'ajustement de la ceinture de sécurité est adéquat et moins ils la portent, ce qui, en théorie, accroît le risque de blessures graves en cas d'accidents.
Que faire alors ? Les chercheurs estiment que les concepteurs automobiles devraient revoir le design de leurs véhicules afin que les personnes obèses soient mieux installées et mieux protégées. "Il faut prévoir plus d'espace pour le conducteur et s'assurer que le positionnement adéquat du siège, des pédales et de la ceinture est possible", précise Martin Lavallière. L'étudiant-chercheur croit aussi qu'il faut sensibiliser les personnes obèses au fait que leur état peut compromettre leur sécurité sur les routes. "Elles devraient en discuter avec leur médecin parce que, dans certains cas, notamment pour l'apnée du sommeil, il existe des solutions pour atténuer les problèmes, ce qui réduirait les risques d'accident."