Les pistes cyclables de Montréal sont-elles sécuritaires?

Publié par Isabelle,
Source: Daniel Baril - Université de MontréalAutres langues:
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Le tronçon de la piste cyclable de la rue De Brébeuf, qui va de la rue Rachel (notre photo) à l'avenue Laurier, est très sécuritaire.
Aux États-Unis, les responsables du transport à vélo déconseillent l'aménagement de pistes cyclables urbaines séparées de la rue comme c'est notamment le cas aux Pays-Bas et au Danemark. Ils invoquent que l'environnement des villes nord-américaines ne se prête pas à de telles installations et qu'il devient alors plus dangereux de circuler sur ces pistes que dans la rue.

Or, c'est ce modèle d'aménagement qu'a choisi Montréal. La métropole offre donc un excellent terrain d'étude pour évaluer la sécurité de telles pistes dans un environnement urbain nord-américain. C'est ce qu'a réalisé une équipe de chercheurs du Québec et des États-Unis dont fait partie Patrick Morency, professeur au Département de médecine sociale et préventive de l'Université de Montréal.

Les chercheurs ont comparé les données enregistrées par les services des urgences relativement aux chutes avec blessure survenues sur les pistes cyclables et aux accidents subis dans la rue dans des conditions de circulation automobile semblables. Les portions de pistes retenues pour l'étude totalisent 15 kilomètres et sont toutes bidirectionnelles et séparées physiquement de la rue.

Dans l'ensemble, les données montrent qu'il y a 2,5 fois plus de cyclistes sur les pistes que dans les rues choisies pour la comparaison. Pour 4009 passages par période de deux heures, on rapporte 340 chutes avec blessure sur les pistes contre 191 pour 1612 passages dans les rues de référence.

Ces chiffres indiquent une diminution de 28 % du risque de blessure pour les usagers des pistes cyclables. L'écart varie selon les différentes pistes, mais aucune section n'a représenté de risque significativement plus élevé que la rue; le risque est égal ou inférieur, et ce, en dépit du fait que l'aménagement de certaines sections, entre autres les intersections cachées par des voitures stationnées, n'est pas toujours idéal.

Les pistes qui s'avèrent les plus sécuritaires sont celles de la rue De Brébeuf (entre les rues Rachel et l'avenue Laurier), de la rue Berri (entre les rues Cherrier et Viger) et du boulevard De Maisonneuve (entre les avenues Claremont et Wood). Les habitués des pistes montréalaises ne seront pas surpris d'apprendre que la plus dangereuse, selon les données de cette étude, est celle de la rue Rachel (entre les rues Saint-Urbain et Marquette).

Comparativement à d'autres données nord-américaines, ces résultats montrent que les pistes montréalaises se classent parmi les plus sécuritaires. Aux États-Unis, le nombre de chutes à vélo causées uniquement par les voitures varie, selon les études, de 4 à 54 par million de kilomètres parcourus et, au Canada, de 46 à 67; il est de 10,5 pour les pistes de Montréal, mais il inclut toutes les chutes, quelle qu'en soit la cause.

À la lumière de ces données, les auteurs concluent qu'il est plus sécuritaire de circuler à vélo sur de telles pistes séparées physiquement de la rue que de rouler dans la rue et que de tels aménagements ne devraient pas être déconseillés.

Cette étude est parue dans le numéro d'avril de la revue Injury Prevention.
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