Deux projets du programme national espagnol INNPACTO lancés en 2011 mettent à profit l'énergie cinétique récupérée lors du freinage des trains et métro en gare pour le chargement de voitures électriques.
Le projet "Train2Car" mené par l'entreprise publique "Métro de Madrid", en collaboration avec l'université Pontificia de Comillas, le CIEMAT et l'entreprise SICA (Sistemas de Computacion y Automatica General), ainsi que Siemens et
Citroën, vient ainsi d'installer, aux abords de l'une de ses stations, une borne de
chargement en phase test. L'ADIF (Administrador de Infraestructuras Ferroviarias), le gestionnaire du
réseau ferroviaire espagnol, avait conduit il y a peu un projet similaire intitulé "Ferrolinera" reposant sur le même principe, et auquel sont associés les universités de Séville et de Malaga, l'Institut Andalou de
Technologie, Green Power Tech, Affirma Energy, MP Sistemas et MP Productividad.
Et si les voitures électriques roulaient avec l'énergie de freinage des trains ?
Illustration: Fmjwiki - licence Creative Commons
Dans les deux cas, le procédé repose sur l'équipement des trains d'un système de "freinage régénératif". Il permet de récupérer l'énergie cinétique du train lors du freinage et de la transformer en
énergie électrique qui est ensuite stockée dans des accumulateurs. Ce dispositif permet notamment de ré-injecter cette énergie au train lors du redémarrage en station, et économiser ainsi la consommation. L'ADIF indique ainsi que 44,4% des 3067 Gwh reçus chaque année du
réseau électrique espagnol pour alimenter ses trains sont ainsi récupérés grâce au système de freinage régénératif.
Pour autant, une part très significative de cette énergie récupérée, environ 600 GWh par an, n'est pas ré-utilisée et tout simplement perdue, faute de consommateur final. C'est pourquoi l'ADIF a lancé ce projet destiné à trouver un usage à ce stock d'électricité. A l'issue d'une première phase du projet, un point de chargement pour voitures électriques a été installé en gare de Malaga - Maria Zambrano. La dernière phase a porté sur la mise au point d'un système de stockage hybride basé sur des batteries lithium-ion et des supercondensateurs pour des bornes de rechargement rapides en
courant alternatif et continu, et le développement d'un système de gestion de la demande.
Le projet "Train2Car", appliqué cette fois au métro de Madrid avait une problématique similaire: dans les deux cas, l'enjeu est de modéliser et faire fonctionner un système complexe qui doit intégrer l'ensemble des composants et notamment concilier les besoins en alimentation des trains en sous-sols et des voitures en surface en fonction d'un trafic variable (heures de pointe du métro, pics de demandes de chargement des véhicules électriques...). La borne installée à la station "Sainz de Baranda", ouverte de 8h00 à 21h00 en semaine, doit permettre de tester ce modèle. Elle fournit 50kW de puissance en
courant continu selon le protocole CHAdeMO, pour une durée de chargement de 20 minutes.