☄️ 3I/ATLAS: le visiteur interstellaire expulse un jet géant vers le Soleil

Publié par Adrien,
Source: The Astronomer's Telegram
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Une comète venue d'ailleurs traverse actuellement notre Système solaire en projetant d'immenses panaches de glace et de poussière vers le Soleil. Cet objet interstellaire, nommé 3I/ATLAS, offre aux astronomes une occasion rare d'étudier un corp provenant d'un autre système planétaire.

De nouvelles images capturées par le télescope jumeau de deux mètres de l'observatoire du Teide révèlent un jet spectaculaire s'étendant sur près de 10 000 kilomètres depuis la surface de la comète. Ce phénomène, typique des comètes lorsqu'elles s'approchent du Soleil, se produit lorsque les régions exposées à l'étoile se réchauffent rapidement, provoquant la sublimation des glaces sous la surface. Les gaz ainsi libérés percent la croûte cométaire et s'échappent violemment dans l'espace, formant ces impressionnants geysers cosmiques.


Image composite de la comète 3I/ATLAS montrant son noyau central et un jet de matière s'étendant vers le Soleil
Crédit: International Gemini Observatory/NOIRLab/NSF/AURA/K. Meech (IfA/U. Hawaii) / Image Processing: Jen Miller & Mahdi Zamani (NSF NOIRLab) Inset: Teide Observatory, M. Serra-Ricart, Light Bridges

Ce jet particulier, observé pour la première fois le 2 août dernier, résulte de la combinaison de 159 expositions de 50 secondes chacune. Selon les analyses, il serait principalement composé de dioxyde de carbone et de particules de poussière, similaires à celles détectées précédemment par le télescope spatial James Webb. La composition chimique de ces éjectas fournit des indices précieux sur les conditions qui régnaient dans le système stellaire d'origine de la comète, bien avant son arrivée dans notre voisinage cosmique.

La trajectoire de 3I/ATLAS la conduit actuellement vers son point le plus proche du Soleil, qu'elle atteindra le 30 octobre. À cette date, elle se situera à environ 1,8 unité astronomique de la Terre, soit près de deux fois la distance Terre-Soleil. Cette proximité relative permettra aux astronomes amateurs équipés de petits télescopes d'observer directement ce visiteur interstellaire avant qu'il ne disparaisse définitivement dans les profondeurs du Système solaire externe.

Le comportement de cette comète ressemble étrangement à celui des comètes natives de notre Système solaire, comme C/2020 F3 NEOWISE qui avait été visible à l'œil nu en 2020. Cette similarité suggère que les processus physiques gouvernant l'activité cométaire pourraient être universels, s'appliquant de la même manière quel que soit le système stellaire d'origine des comètes. La découverte de ces objets interstellaires ouvre ainsi de nouvelles perspectives pour comprendre la formation et l'évolution des systèmes planétaires dans notre galaxie.


Observation de la comète 3I/ATLAS par le télescope Gemini Sud montrant sa structure et son activité
Crédit: International Gemini Observatory/NOIRLab/NSF/AURA/Shadow the Scientist. Image Processing: J. Miller & M. Rodriguez (International Gemini Observatory/NSF NOIRLab)/T.A. Rector (University of Alaska Anchorage/NSF NOIRLab)/M. Zamani (NSF NOIRLab)


Le phénomène des jets cométaires


Les jets cométaires représentent l'un des spectacles les plus dynamiques du Système solaire. Ils se forment lorsque la chaleur solaire transforme directement la glace en gaz, un processus appelé sublimation. Cette transformation crée une pression sous la surface de la comète qui finit par trouver des points de faiblesse pour s'échapper violemment.

La direction de ces jets est toujours orientée vers le Soleil car c'est la face éclairée qui reçoit le plus d'énergie. La composition des matériaux éjectés varie selon la distance au Soleil: à grande distance, ce sont principalement des gaz volatils comme le monoxyde de carbone qui s'échappent, tandis qu'à proximité de l'étoile, des composés plus réfractaires rejoignent le spectacle.

L'étude de ces jets permet d'étudier la surface des noyaux cométaires en identifiant les zones actives. Les astronomes peuvent ainsi déterminer la période de rotation de la comète et estimer la proportion de glaces différentes dans sa composition. Chaque jet raconte une partie de l'histoire de la comète et des conditions de sa formation.

La morphologie des jets évolue avec la rotation du noyau, créant des structures complexes qui s'étendent parfois sur des dizaines de milliers de kilomètres. Certains matériaux restent dans la chevelure de la comète tandis que d'autres, poussés par le vent solaire, forment la queue caractéristique qui peut s'étendre sur des millions de kilomètres.

Les visiteurs interstellaires


Les objets interstellaires comme 3I/ATLAS sont des messagers venus d'autres systèmes stellaires. Leur trajectoire hyperbolique trahit leur origine extérieure au Système solaire, les distinguant des comètes et astéroïdes natifs de notre système planétaire. Leur découverte récente ouvre une nouvelle fenêtre sur la diversité des mondes dans notre galaxie.

Ces voyageurs cosmiques se forment dans des systèmes planétaires lointains avant d'être éjectés par des interactions gravitationnelles avec des planètes géantes. Leur voyage à travers l'espace interstellaire peut durer des millions, voire des milliards, d'années avant qu'ils ne traversent brièvement notre Système solaire. Chaque visiteur apporte avec lui des informations uniques sur la chimie et la physique de son système d'origine.

L'étude de leur composition révèle des différences parfois surprenantes avec les objets de notre système. Certains présentent des rapports isotopiques inhabituels ou des abondances chimiques distinctes, témoignant de conditions de formation différentes. Ces variations aident les scientifiques à comprendre combien de types de systèmes planétaires peuvent exister dans la Voie lactée.

La détection de ces objets reste un enjeu technique car leur passage est généralement bref et leur luminosité faible. Les prochains grands observatoires comme le Vera Rubin Observatory devraient permettre d'en découvrir beaucoup plus, transformant notre compréhension de la fréquence et de la nature de ces voyageurs interstellaires.
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