Alors que la sonde Huygens a finalement atterri en douceur sur la surface de Titan le 14 janvier, les activités à l'ESOC, centre de contrôle de l'ESA's à Darmstadt, Allemagne, continuent à un rythme soutenu. Les scientifiques travaillent toujours pour affiner l'emplacement exact du site d'atterrissage de la sonde. Ils ont déjà traité, examiné et analysé quantité des données mais il y en a suffisamment pour les maintenir occupés pendant les mois, voire les années à venir.
Site probable de l'atterrissage de Huygens
La descente de Huygens
Un des premiers résultats les plus intéressants est le profil de la descente. Environ 30 scientifiques dans le groupe de travail dédié à ce problème travaillent pour recréer la trajectoire de la sonde pendant qu'elle se dirigeait vers la surface de Titan.
Le profil de descente fournit un lien important entre les mesures faites par des instruments sur Huygens et l'orbiteur Cassini. Il est également nécessaire pour déterminer précisément l'endroit où la sonde a atterri. Il est important de connaître en détail le profil d'une sonde pénétrant l'atmosphère d'un corps du système solaire pour les futures missions spatiales.
Grâce à son parachute principal, la sonde s'est trouvée ralentie à un peu plus de 50 mètres par seconde, soit 180 km/h dans la stratosphère. Plus bas dans l'atmosphère, la sonde a ralentit sa vitesse de chute à approximativement 5.4 mètres par seconde soit environ 20 km/h, cependant qu'elle dérivait "nonchalamment" sur le coté à la vitesse d'environ 1.5 mètre par seconde.
Animation Flash de la descente. Cliquer pour suivre le lien
"La descente a été plus mouvementée que nous avions pensé qu'elle serait," a dit Martin Tomasko, investigateur principal des mesures de radiométrie du DISR, l'instrument qui a nous a fourni entre d'autres données, les images de la descente de Huygens. La sonde a basculé plus que prévu dans l'atmosphère supérieure. Pendant sa descente à travers la brume à haute altitude, elle s'est inclinée d'au moins 10 à 20 degrés. Sous cette couche de brume, la sonde était plus stable, s'inclinant de moins de 3 degrés.
Tomasko et ses collaborateurs étudient les raisons de ces disparités en fonction de l'altitude et se concentrent sur l'éventualité d'un changement du profil de vent à environ 25 kilomètres d'altitude.
L'atterrisage
L'atterrissage lui-même pose quelques questions. Les scientifiques avaient supposé que la sonde sortirait de la brume à entre 70 et 50 kilomètres d'altitude. En fait, Huygens a commencé à émerger des nuages à 30 kilomètres seulement au-dessus de la surface.
Les sons enregistrés lorsque la sonde a atterri font penser qu'elle s'est posée sur une surface plus ou moins boueuse, au moins très souple. "La plus grande surprise que nous ayant eu est que la sonde ait survécu à l'atterrissage et ce, pendant un très long temps." a indiqué Charles See, membre de l'équipe DISR. "Il n'y a eu aucun problème à l'impact. L'atterrissage fut beaucoup plus doux que nous l'avions prévu."
Des particules de matière se sont accumulées sur l'objectif de l'appareil photo à haute résolution du DISR qui pointait vers le bas, ce qui suggère que la sonde ait pu s'enfoncer dans la surface. "C'est soit cette explication, soit la sonde a vaporisé des hydrocarbures à la surface et ils se sont rassemblés sur l'objectif." a indiqué Charles See.
"Le parachute de la sonde n'apparaît pas sur les clichés de la surface après l'atterrissage, aussi la sonde n'est probablement pas orienté à l'est, où nous aurions vu le parachute," a dit Mike Bushroe membre de l'équipe de DISR.
Quand la mission a été conçue, il a été décidé que la lampe d'atterrissage de 20 Watt devrait s'allumer 700 mètres au-dessus de la surface et illuminer le site au moins 15 minutes après l'atterrissage. "En fait, non seulement la lampe d'atterrissage s'est allumée à exactement 700 mètres, mais elle a continué à fonctionner plus d'une heure après, tandis que Cassini disparaissait au delà de l'horizon de Titan pour continuer sa mission autour de Saturne" a indiqué Tomasko.
Une conférence de presse aura lieu le 21 janvier 2005 en fin de matinée au centre de l'ESA à Paris et permettra de connaître les derniers résultats des analyses des scientifiques sur ce monde encore bien mystérieux.
D'autres montages photographiques
Il peut être intéressant de comparer ces deux mosaïques de photos de la descente de Huygens:
Montage amateur (Ricardo Nunes) colorisé suivant couleurs ESA