La news rétro de ce dimanche nous expose les projets d'îles flottantes existants dans les années 1930.
Avertissement: Cette news rétro retranscrit des connaissances scientifiques, techniques ou autres de 1934, et contient donc volontairement les arguments, incertitudes ou erreurs d'époque.
Les raids transatlantiques en avion ont toujours un peu l'air de tours de force. On a paru compter sur les "îles flottantes" pour diviser la difficulté et rendre la traversée accessible au commun des voyageurs. Où en est la question ?
Essais allemands d'un navire stationnaire
Dans les projets allemands de service aérien à travers l'Atlantique Sud, figure l'installation à mi-chemin (entre Natal et Bathurst) d'un navire agencé pour servir d'escale, de base de ravitaillement, de poste de secours aux avions.
Le
Westfalen destiné à cet emploi est un navire de 5.124 tonnes, long de 125 mètres, muni d'une rampe d'
accostage à l'arrière, d'un grue pour hisser les appareils et d'une catapulte pour les renvoyer. C'est en somme un
porte-avions perfectionné qui stationnera ou croisera dans un espace restreint et convenu en attendant les "oiseaux de passage" ; il reste soumis à tous les aléas d'un navire en mer
Iles mobiles
Les constructeurs d'îles flottantes ont plus d'ambition ; ils en veulent faire de vrais aéroports présentant toute la sécurité possible, pourvus de toutes les ressources que suggère ce mot: abri, ravitaillement, réparation des appareils ; services de météorologie et radiologie ; hôtel de voyageurs, etc.
Ces îles, dont il existe des plans en France et aux Etats-Unis, sont de deux types différents: îles mobiles, îles fixes.
L'île mobile conçue par M. Defrasse est un énorme flotteur tubulaire, courbé en fer à cheval, offrant entre ses deux branches un bassin de 300 mètres sur 90 d'eau calme aux hydravions, et dans ses branches mêmes, ou à leur surface, toute l'installation prévue. Elle serait construite en béton armé avec caissonnage et water-ballast ; des
moteurs à huile lourde actionneraient des hélices qui permettraient de déplacer l'île, surtout pour l'orienter face au vent. Etant
données les grandes
dimensions de l'
ensemble, le roulis et le tangage seraient peu prononcés. La dépense prévue serait d'environ 600 millions de francs. La question reste entière de savoir s'il en faudrait une, deux ou trois entre la France et les Etats-Unis.
Iles fixes
Une île fixe ou ancrée, d'origine américaine, est prête à être réalisée par un ingénieur de Philadelphie, M. Armstrong. Celle-ci est une plate-forme, longue de 360 mètres sur 120, qui surplombe la mer d'une
hauteur de 32 mètres et permettrait l'
atterrissage de tout avion, tandis que l'île Defrasse n'est accessible qu'aux hydravions. Sous la plate-forme seraient installés tous les services.
Toute la masse sera montée sur des pylônes creux comportant chacun deux flotteurs immergés à la profondeur voulue suivant l'état de la mer. Des ancres de 2.500 kilogrammes fixées à des chaînes de 8.000 mètres la stabiliseront comme l'est un navire séjournant en rade.
Une solution plus récente prévoit une bouée ancrée par des massifs de béton reposant au fond de la mer. C'est à cette bouée que la plate-forme serait reliée ; elle pourrait s'orienter automatiquement sous l'action du vent.
Une première île Armstrong doit être installée au sud-est de New-York et laissée en observation pendant un an ; après quoi sera prise une décision concernant le nombre et l'emplacement des stations futures.
Une anticipation due au cinéma a récemment permis de se rendre compte de ce que pourrait être une île flottante construite conformément au modèle américain. On la voit à vol d'oiseau, telle qu'elle apparaîtra au voyageur transocéanique ; très intéressante aussi en est la présentation des détails: le poste du commandant de l'île, la plate-forme où atterrissent les avions, les piliers qui assurent la flottaison, la salle des machines de la
centrale électrique, etc.
Mais la construction des îles flottantes est extrêmement coûteuse ; on peut se demander d'autre part si le perfectionnement des avions ne permettra pas de traverser facilement l'Atlantique avant qu'elles ne soient construites. Il leur resterait toujours un rôle de ravitaillement et de secours, mais non d'une façon régulière, obligatoire, et qui fait hésiter devant les difficultés et les frais d'exécution.