Une étrange structure géologique trouvée au large de Sept-Îles

Publié par Isabelle,
Source: Université de Laval/Jean HamannAutres langues:
6
Restez toujours informé: suivez-nous sur Google Actualités (icone ☆)

Un météorite de 4,1 km de diamètre s'est écrasé tout près de Sept-Îles... il y a plusieurs millions d'années. C'est l'explication la plus vraisemblable à laquelle arrive un groupe de chercheurs dirigé par Patrick Lajeunesse, professeur du Département de géographie et chercheur au Centre d'études nordiques, qui a étudié une anomalie sous-marine découverte il y a 12 ans, en face de cette ville de la Côte-Nord.


Image du cratère situé au large de la baie de Sept-Îles, obtenue par sondages à haute résolution.
Sa profondeur maximale atteint 250 mètres, ce qui témoigne de la force de l'impact.

En 2001, lors d'une opération de cartographie de l'habitat du homard, des employés du Service hydrographique du Canada ont repéré, au large de la baie de Sept-Îles, à 40 mètres de profondeur, une étrange structure de forme circulaire. "L'hypothèse d'un cratère d'impact météoritique avait été avancée, mais ce secteur a une géologie complexe. Il pouvait aussi s'agir de cheminées de volcan ou de remontées de sel", signale Patrick Lajeunesse. Pour en avoir le cœur net, son équipe a effectué des sondages à haute résolution dans ce secteur en 2005, 2006 et 2010. Les résultats, qui seront publiés dans la revue scientifique Meteoritics and Planetary Science, plaident en faveur de la chute d'un météorite.

Le cratère qui a résulté de cette collision est plus grand que celui du Nouveau-Québec (3,4 km). Sa forme est celle d'un cercle presque parfait au centre duquel se trouve un noyau surélevé. Il s'agit de matériaux qui ont été déplacés vers le haut à la suite de l'impact, comme lorsqu'une goutte d'eau tombe dans un liquide, explique le professeur Lajeunesse. De plus, le cratère présente une série de trois anneaux concentriques. "Sa morphologie et sa géométrie sont semblables à celles des cratères d'impact météoritique", résume-t-il.

On ignore encore à quel moment l'écrasement de ce météorite est survenu. "Nous savons que l'événement s'est produit il y a au moins 2,6 millions d'années, mais il pourrait remonter à aussi loin que 470 millions d'années. Le météorite est sans doute tombé sur la terre ferme alors que le niveau marin était plus bas qu'aujourd'hui", avance le professeur Lajeunesse.

Un échantillon de roche recueilli à la surface du cratère a révélé la présence de minéraux produits par fusion à des températures dépassant 1600 degrés Celsius. "C'est le genre de température que peut produire l'écrasement d'un météorite", précise le chercheur. Toutefois, on ne peut écarter la possibilité que ce fragment provienne d'ailleurs et qu'il ait été transporté sur le site par les glaciers, reconnaît-il. "Pour apporter une preuve irréfutable à la thèse du météorite, il faudrait forer le cratère et trouver des traces de fusion dans les échantillons prélevés. Des travaux de terrain de cette nature sont toutefois très coûteux. Avant de nous attaquer à pareil projet, nous devions faire la démonstration que l'hypothèse du cratère météoritique tenait la route."

La découverte de cratères météoritiques et la datation de ces structures revêtent un grand intérêt pour les scientifiques parce qu'elles permettent d'expliquer des fluctuations dans les climats du passé. "Un météorite comme celui qui a formé le cratère près de Sept-Îles met en suspension d'énormes quantités de poussières qui peuvent perturber, pendant des années, les conditions climatiques à l'échelle continentale."

L'étude qui paraît dans Meteoritics and Planetary Science est signée par Patrick Lajeunesse (Géographie) et Jacques Locat (Géologie et génie géologique), de l'Université Laval, Guillaume St-Onge, de l'UQAR, Mathieu J. Duchesne, de la Commission géologique du Canada, Michael Higgins, de l'UQAC, Richard Sanfaçon, du Service hydrographique du Canada, et Joseph Ortiz, de l'Université Kent State.
Page générée en 0.232 seconde(s) - site hébergé chez Contabo
Ce site fait l'objet d'une déclaration à la CNIL sous le numéro de dossier 1037632
A propos - Informations légales
Version anglaise | Version allemande | Version espagnole | Version portugaise