Ecologie et acoustique: la nature sur écoute

Publié par Adrien,
Source: CNRS-INEEAutres langues:
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Enregistrer le chant d'une baleine ou les cris d'un singe hurleur est indispensable pour comprendre leurs moeurs. Mais, depuis quelques années, les chercheurs ont pris du recul, s'intéressant non plus au comportement d'une seule espèce mais à l'empreinte sonore d'une communauté animale voire d'un écosystème. Un numéro spécial de la revue Ecological Informatics, coordonné par Jérôme Sueur, chercheur du Muséum national d'Histoire naturelle à l'Institut de Systématique, Evolution, Biodiversité (ISYEB), Michael Towsey (Queensland University of Technology, Australie) et Stuart Parsons (University of Auckland, Nouvelle Zélande), vient d'ailleurs d'être consacré à ce nouveau champ de recherche.


Magnétophone autonome installé dans la station de recherche CNRS des Nouragues (Guyane) avec un microphone placé dans le sous-bois et un autre microphone prêt à être monté dans la canopée. (© J. Sueur)

Impossible, quand vous pénétrez dans la forêt guyanaise, de ne pas reconnaître le cri du Paypayo (Piauhau hurleur ou Lipaugus vociferans). Mais, cette fois-ci, l'équipe de Jérôme Sueur, bioacousticien à l'ISYEB (CNRS / MNHN / UPMC / EPHE), ne s'intéresse pas uniquement aux prouesses vocales du petit oiseau d'Amazonie mais à la signature acoustique de l'ensemble des communautés animales qui vivent dans cette forêt. Les chercheurs ont, pour cela, placé un réseau de 24 microphones sur une parcelle de 2 400 m2 - 12 micros à hauteur d'hommes, 12 autres à 20 mètres de hauteur - et réalisé une véritable carte postale sonore et dynamique de l'écosystème. "Nous sommes encore dans une phase descriptive des enregistrements, souligne Jérôme Sueur, nous cherchons à évaluer la richesse de l'habitat à travers des indices acoustiques, à définir la dynamique spatiale et temporelle du milieu et espérons, sur le long terme, pouvoir identifier des événements susceptibles de modifier la biodiversité, comme l'arrivée d'une espèce invasive".

Ces travaux, comme treize autres études, viennent d'être publiés dans un numéro spécial de la revue Ecological Informatics. Au sommaire: l'estimation acoustique de populations d'oiseaux ou de chauves-souris, la reconnaissance automatique du bruissement des insectes, l'exploration de l'univers sonore marin à l'échelle mondiale ou encore le suivi, sur plusieurs années, de la dynamique sonore spatiale et temporelle d'une île nord-américaine. "Aujourd'hui, de nombreuses équipes étudient l'écologie des communautés sonores ou des paysages sonores qui regroupent la biophonie, la géophonie (bruit du vent, des ruisseaux, etc.) et l'anthrophonie, explique Jérôme Sueur. Mais il n'y a pas réellement d'échanges et d'interactions entre ces chercheurs, ni de réflexion commune sur ce nouveau champ de recherche, comme par exemple sur les techniques d'enregistrement et de traitement des données".

C'est ainsi qu'un colloque international dédié à l'écologie et à l'acoustique va se dérouler, du 16 au 18 juin 2014, au Jardin des Plantes de Paris. L'idée étant de créer un véritable réseau d'écologues, d'acousticiens, d'informaticiens et de statisticiens qui aiment à mettre la nature sur écoute.
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