Habitations inuites: du bois dans la toundra québécoise

Publié par Isabelle,
Source: Yvon Larose - Université LavalAutres langues:
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Pour leurs travaux de fouilles, les archéologues ont fait appel à la main-d'œuvre locale, en l'occurrence des élèves de niveau secondaire d'Inukjuak, un village côtier.
Photo: Institut culturel Avataq
Deux chercheuses du Centre d'études nordiques ont participé à l'étude d'anciennes habitations semi-souterraines inuites d'une île du Nunavik.

"Ces habitations étaient très bien faites." Cette affirmation de Najat Bhiry, professeure au Département de géographie et chercheuse au Centre d'études nordiques (CEN), porte sur les vestiges de 13 habitations semi-souterraines du site de Qijurittuq, sur l'île Drayton, à proximité de la côte est de la baie d'Hudson, au Nunavik. À quelque 400 m de la rive, dans une vallée protégée des vents dominants et sur un sol sableux bien drainé, ces habitations, occupées l'automne et l'hiver par les Inuits d'autrefois, ont été abandonnées il y a au moins 150 ans. À l'été 2007 et 2008, le site a fait l'objet de fouilles par une équipe archéologique et géoarchéologique interdisciplinaire formée de chercheurs de l'Institut culturel Avataq, du CEN et de l'Université de Rennes 1. Les résultats d'analyse préliminaires ont paru en 2010 dans la revue scientifique Geografisk Tidsskrift - Danish Journal of Geography.

"Nous avons réalisé des études géomorphologiques et stratigraphiques des lieux, explique la professeure Bhiry, présente à Qijurittuq avec Anne-Marie Lemieux, une étudiante à la maîtrise. Les résultats obtenus, couplés aux données archéologiques et aux entrevues réalisées avec des aînés inuits, dont certains octogénaires qui avaient connu la vie dans l'iglou, ont permis, entre autres, de reconstituer l'intérieur des habitations."

Profondes d'environ 1 m, les habitations semi-souterraines avaient l'aspect d'un dôme qui pouvait atteindre 2 m de haut à l'intérieur. On accédait par un tunnel étroit que l'on franchissait à quatre pattes vu son peu de hauteur. Au bout du tunnel se trouvait une trappe d'air froid surcreusée à même le plancher. "À l'entrée, des lampes de stéatite, placées une à gauche et une à droite, éclairaient la pièce, indique Najat Bhiry. Ces lampes servaient aussi à faire bouillir l'eau, cuire les aliments et sécher les vêtements." Le fond de la pièce, surélevé, servait d'espace à coucher. La charpente avait la particularité d'être faite de morceaux de bois récoltés sur les plages, et ce, même si on ne trouve pas d'arbres dans la toundra arctique. Cette charpente était recouverte de blocs de tourbe.

Les chercheurs se sont demandés pourquoi ce type d'habitation s'était maintenu aussi longtemps, bien après sa disparition ailleurs dans l'Arctique canadien. Ils ont aussi voulu savoir d'où provenait le bois. La qualité d'un emplacement offrant un bon potentiel de chasse au phoque, ainsi qu'une abondance de bois qui aurait dérivé depuis la baie James et le sud de la baie d'Hudson figurent parmi les hypothèses avancées. Par ailleurs, une température relativement moins froide aurait pu amener les Inuits à délaisser une méthode de construction complexe pour des constructions plus simples comme la tente et l'iglou.
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