Il y a quatre ans, les chasseurs de météorites Bruno Fectay et Carine Bidaut ont rapportée du Maroc une roche noire, brisée en plusieurs morceaux, qui s'avère aujourd'hui être une météorite en provenance de Mars d'un type rare.
La roche n'avait pas été reconnue immédiatement comme telle et avait été classée parmi d'autres fausses météorites. Pour lever le doute, un fragment a été analysé l'été dernier par des équipes scientifiques françaises, anglaises, américaines et japonaises et la vraie nature de l'échantillon a été reconnue. Initialement appelée "Diderot" en hommage à l'encyclopédiste, la météorite porte aujourd'hui le nom officiel de Northwest Africa 2737 (NWA 2737).
Les météorites en provenance de la planète rouge sont rares: seules une trentaine, parmi les 25 000 météorites connues, sont identifiées comme telles, arrachées de la surface de Mars par des impacts violents. Aucune sonde n'ayant jamais ramené d'échantillon de roches martiennes sur Terre, ces météorites sont les seuls éléments de la planèterouge à la disposition directe des chercheurs. C'est une récolte inestimable pour comprendre l'évolution de notre Système solaire.
La plupart de ces météorites sont des roches magmatiques récentes, formées il y a moins de 500 millions d'années. Diderot, qui est aujourd'hui en cours de datation, est de type Chassignite, représenté jusqu'à présent par un seul exemplaire: la météorite tombée en France à Chassigny (Haute-Marne) en 1815 dont la chute avait eu de nombreux témoins. C'est l'une des premières météorites officiellement reconnues comme étant d'origine martienne. Elle est agée de plus d'un milliard d'années, est riche en calcium et en olivine, et contient quelques éléments oxydés et minéraux hydratés. Elle a apporté des informations importantes sur l'histoire ancienne de Mars. Contrairement aux météorites de type nakhilte qui proviennent des couches externes de la croûte martienne, sa formation pourrait avoir eu lieu dans un magma plus profond.
Les premiers résultats de l'étude de la Chassignite NWA 2737 seront présentés en Mars à Houston lors de la Lunar and Planetary Science Conference.