Pour lutter contre le réchauffement climatique, la capture directe du dioxyde de carbone (CO
2) de l'atmosphère est devenue une priorité. Cependant, en raison de sa faible concentration dans l'air (environ 0,04 %), séparer le CO
2 est une tâche complexe et énergivore.
C'est dans ce contexte qu'une équipe de chercheurs de l'Université de Newcastle, au Royaume-Uni, a mis au point une nouvelle membrane capable de capturer le CO
2 en utilisant simplement les différences d'
humidité, une avancée qui pourrait transformer les méthodes actuelles de réduction des émissions de gaz à
effet de serre.
Image d'illustration Pixabay
Cette membrane innovante fonctionne sur un principe semblable à celui d'une roue à eau dans un moulin. Au lieu d'utiliser la gravité pour moudre le grain, la membrane exploite les variations d'humidité pour extraire le CO
2 de l'air. Lorsque l'humidité est plus élevée du côté de sortie de la membrane, celle-ci attire naturellement le CO
2 vers ce flux. Selon Dr Greg A. Mutch, membre de la Royal Academy of Engineering à l'
Université de Newcastle, cette membrane synthétique est la première capable d'augmenter la concentration de CO
2 sans recours à une
énergie traditionnelle comme la chaleur ou la
pression.
Deux défis majeurs de la capture directe de l'air sont ainsi relevés. D'une part, l'efficacité énergétique: en utilisant les différences d'humidité comme moteur, la membrane évite les dépenses énergétiques élevées habituellement nécessaires. D'autre part, la vitesse de réaction: la présence d'eau accélère le
transport du CO
2 à travers la membrane, remédiant ainsi à la lenteur des processus de
séparation des composants en faible concentration.
La capture directe du CO
2 est essentielle pour atteindre les objectifs climatiques, comme la limitation du réchauffement à 1,5 °C, fixée par l'Accord de Paris. Le Professeur Ian Metcalfe, investigateur principal, souligne que la séparation des composants dilués est particulièrement difficile en raison de la faible concentration et des réactions chimiques lentes. Cette nouvelle membrane pourrait ainsi permettre une application plus efficace et généralisée de la capture directe du CO
2.
Les implications de cette technologie vont au-delà de la simple réduction des émissions. Elle pourrait aussi jouer un rôle clé dans une économie circulaire, où le CO
2 capturé pourrait être réutilisé comme
matière première pour la production d'hydrocarbures, dans un cycle neutre, voire négatif en carbone.
a. Dans les membranes biologiques, le transport est généralement passif, suivant un gradient de concentration. Cependant, dans le transport actif, le transport contre un gradient de concentration est possible grâce à un couplage avec un transport descendant d'une autre espèce.
b. Reconstruction 3D d'une membrane synthétique en sel fondu soutenue par un support en alumine, utilisant une différence d'humidité pour pomper le CO2 contre son gradient de concentration.
Toutefois, pour une adoption à grande échelle, des recherches supplémentaires sont nécessaires, notamment pour abaisser la température de fonctionnement de la membrane, qui est actuellement de plus de 400 °C. Ce travail de l'équipe de l'Université de Newcastle, publié dans
Nature Energy, marque néanmoins un progrès significatif dans le domaine de la capture directe de CO
2, ouvrant la voie à des solutions plus durables et efficaces pour réduire les niveaux de CO
2 atmosphérique.