La news rétro de ce dimanche se penche plus particulièrement sur l'aménagement et la logistique des paquebots du début du 20ème siècle.
Avertissement: Cette news rétro retranscrit des connaissances scientifiques, techniques ou autres de 1914, et contient donc volontairement les arguments, incertitudes et erreurs d'époque.
Les paquebots transatlantiques sont admirablement décorés et aménagés. Entre toutes les Compagnies, c'est à celle qui offrira à ses passagers les salons les plus luxueux, la table la meilleure.
La France, grand paquebot transatlantique (1912) de 220 mètres et 28 000 tonneaux
Il faut qu'à bord, les habitués de la vie mondaine la plus élégante y puissent continuer leur genre d'existence. Dès la nuit tombante, les salons, décorés de tapisseries et de meubles de style, remplis de fleurs naturelles, sont illuminés par des lustres électriques nombreux, et rien ne peut faire supposer que l'on est en plein océan.
Les hommes ont à leur disposition des fumoirs spacieux, les dames leur salon réservé. Les enfants jouissent d'une salle à manger particulière, et de locaux bien aérés pour s'amuser. Des salles de musique, une bibliothèque, des gymnases, un théâtre, un guignol pour les enfants, et même des tennis, permettent à chacun de s'occuper, dans la journée, suivant ses goûts.
A bord des transatlantiques, un journal est publié tous les jours ; il relate les faits divers de la vie maritime du bord ; il donne les nouvelles du monde entier reçues par la T.S.F. Bien que la plupart des voyageurs se contentent d'une cabine, des appartements complets: salon, boudoir, chambres – avec de véritables lits et non pas des cadres – salles de bains, sont mis à la disposition des plus riches.
Des ascenseurs électriques permettent d'aller d'un pont à l'autre et sur le pont supérieur. Sur un bâtiment emportant 3000 passagers, et souvent plus, c'est une armée d'environ 250 employés de toutes sortes qui est nécessaire. Depuis le médecin, pour aller jusqu'au calier, en passant par les boulangers, musiciens, télégraphistes, maîtres d'hôtel, fleuristes, femmes de chambre, coiffeurs, imprimeurs, toutes les professions sont représentées, et cependant, grâce à l'adoption des grandes vitesses, bien des choses ne sont plus obligatoirement faites à bord.
Depuis la catastrophe du Titanic, le nombre des canots de sauvetage à bord a été augmenté. Les provision à emporter constituent un total encore assez important, comme il est facile d'en juger par l'énumération ci-après. Un navire de 24 000 tonnes se munira, pour la traversée d'Europe en Amérique, de: 6500 kg de bœuf, 600 kg de veau, 1100 kg de mouton, 600 kg d'agneau, 480 kg de porc, 3000 kg de volailles et de gibier, 4500 kg de fruits, 175 sacs de pommes de terre, 1700 douzaines d'œufs, 25000 kg de lait en conserve, 900 kg de beurre, 750 boîtes de végétaline, 500 kg de glace alimentaire, 40000 kg de glace non alimentaire, 300000 litres d'eau, 3000 bouteille de bière, 90 sacs de farine etc.
Un grand Transatlantique emporte cette quantité de vivres pour 5 ou 6 jours de trajet, mais il possède un stock de conserves pour 6 mois
Bien entendu, il y a des places pour toutes les bourses: le passage Havre-New-York coûte 175 francs en 3e classe, 300 à 350 francs en 2e classe ; mais en 1re classe, les prix sont extrêmement variables, suivant la cabine.. A bord de la Provence, on peut avoir une cabine de 1re pour 800 francs ou pour 4000 francs. Ces prix sont cependant indignes des milliardaires, qui trouvent à bord de certains bâtiments des appartements aménagés à leur intention et à des prix pouvant aller jusqu'à 25000 francs.
Les transatlantiques français ont abandonné depuis longtemps la lutte pour battre le record de vitesse, mais comme confortable et surtout sécurité, ils n'ont rien à envier aux navires étrangers les plus riches et même les plus grands. La France, notre dernier transatlantique et le plus grand, a 220 mètres de long, 23 mètres de large et 28900 tommes de déplacement ; il transporte 2526 personnes. On trouve à bord de ce magnifique paquebot les derniers perfectionnements du luxe le plus raffiné.
Tous ces grands paquebots, aussi bien les français que les étrangers, cesseraient, en temps de guerre, leur service commercial pour remplir celui de croiseur. Grâce à leur vitesse et à leur rayon d'action étendu, ils éclaireront les escadres et donneront la chasse aux bâtiments de commerce de la nation ennemie. Lors de leur construction, les emplacements des canons à tirs rapides et des soutes à munitions ont été ménagés.
A part les Transatlantiques, nous possédons une flotte de paquebots qui portent notre pavillon dans tous les ports du monde, mais surtout dans toute la Méditerranée, dans toutes nos Colonies, en Extrême-Orient, au Canada et dans l'Amérique du Sud.