La stabilité orbitale à long terme des planètes intérieures de notre Système solaire est un casse-tête persistant: les orbites de Mercure, Vénus, la Terre et Mars sont pratiquement stables tout au long de la vie du Système solaire, même si elles sont fortement chaotiques. Le mouvement à long terme des planètes du
Système solaire (Le système solaire est un système planétaire composé d'une étoile, le...) est un problème qui remonte à la
formulation (La formulation est une activité industrielle consistant à fabriquer des produits...) de la loi universelle de la
gravitation (La gravitation est le phénomène d'interaction physique qui cause l'attraction...) par Newton.
Crédit: NASA / SOFIA / Lynette Cook
Dans une étude publiée le 3 mai 2023 dans la revue Physical Review X, des chercheurs de l'Observatoire de Paris - PSL et du
CNRS (Le Centre national de la recherche scientifique, plus connu sous son sigle CNRS, est le plus grand...) expliquent cette stabilité en termes de quasi-symétries et de quantités quasi-conservées.
Le mouvement des planètes est chaotique sur une échelle de temps de 5 millions d'années et devient imprévisible au-delà de 60 millions d'années. En 2008, Jacques Laskar montre que la
probabilité (La probabilité (du latin probabilitas) est une évaluation du caractère probable d'un...) d'une
collision (Une collision est un choc direct entre deux objets. Un tel impact transmet une partie de...) entre planètes intérieures (Mercure, Venus,
Terre (La Terre est la troisième planète du Système solaire par ordre de distance...) et Mars) est de 1% seulement sur les 5 milliards d'années à venir, durée comparable à l'âge du Système solaire.
Il y a deux ans, Federico Mogavero, post-doctorant à l'Observatoire de Paris - PSL au sein de l'IMCCE et Jacques Laskar ont montré que le temps typique à attendre pour un événement catastrophique est en fait bien supérieur à l'âge de l'
Univers (L'Univers est l'ensemble de tout ce qui existe et les lois qui le régissent.) !
Alors, qu'est-ce qui rend les planètes intérieures du Système solaire aussi stables?
Les chercheurs de l'Observatoire de Paris - PSL et du CNRS, à l'IMCCE, proposent un cadre qui justifie cette stabilité remarquable. Ils montrent que le mouvement à long terme des planètes intérieures est décrit par une hiérarchie d'échelles de temps allant de 5 à 500 millions d'années.
Trois symétries caractérisent les interactions planétaires responsables du chaos orbital. Ces symétries sont brisées par de faibles résonances, ce qui conduit à l'existence de quantités quasi-conservées qui représentent les variables les plus lentes de la dynamique. Une analyse en composantes principales des simulations numériques confirme ces résultats.
La stabilité des planètes intérieures sur la durée de vie du Système solaire émerge alors naturellement des contraintes que les quantités quasi-conservées exercent sur les variations chaotiques des orbites.
Probabilité d'occurrence des instabilités (collisions) des orbites des planètes intérieures au cours du temps.
La courbe verte représente les statistiques (La statistique est à la fois une science formelle, une méthode et une technique. Elle...) nominales du Système solaire (notez que la plupart des évolutions possibles des planètes intérieures sont instables sur 100 milliards d'années).
La courbe rouge correspond à une dynamique simplifiée, modèle dans lequel les quantités quasi-conservées changent encore plus lentement que dans le système réel. En conséquence, les instabilités prennent plus de temps à se développer.
Federico Mogavero, Nam H. Hoang, Jacques Laskar, Observatoire de Paris - PSL
Référence
“Timescales of Chaos in the Inner Solar System: Lyapunov Spectrum and Quasi-integrals of Motion” par Federico Mogavero, Nam H. Hoang et Jacques Laskar, dans la revue Physical Review X en date du 3 mai 2023.
DOI:
https://doi.org/10.1103/PhysRevX.13.021018
Cette étude a été soutenue par une subvention de l'Agence Nationale de la
Recherche (La recherche scientifique désigne en premier lieu l’ensemble des actions entreprises en vue...) (AstroMeso ANR-19-CE31-0002-01) et par le Conseil européen de la recherche (ERC) dans le cadre du programme
Horizon (Conceptuellement, l’horizon est la limite de ce que l'on peut observer, du fait de sa propre...) 2020 (Advanced Grant AstroGeo-885250).
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