Les Chinois prévoient placer en orbite basse terrestre un module spatial inhabité dans le courant de l'année. Ce lancement par une fusée Longue Marche doit être suivi, en 2012, par celui d'un vaisseau spatial inhabité qui viendra s'arrimer au module spatial. "Le programme spatial chinois est très ambitieux, explique Charles-Louis Labrecque, étudiant au doctorat en science politique et auxiliaire de recherche au Programme Paix et sécurité internationales. Il prévoit l'installation d'une station spatiale chinoise autour de la Terre vers 2020 et l'envoi d'une mission lunaire habitée à l'horizon de 2025-2030. Le prochain humain sur la Lune pourrait être un Chinois."
Affiche célébrant les vols spatiaux habités chinois
Le 24 mars, au pavillon Charles-De Koninck, Charles-Louis Labrecque a fait un exposé sur le développement des capacités spatiales de la Chine, deuxième économie mondiale. Selon lui, le programme spatial de ce pays, tout comme la modernisation de son appareil militaire au coût de 91 G$ en 2011, soulève des inquiétudes. "L'espace, au même titre que la marine ou l'aviation, est l'un des outils utilisés dans la conduite des opérations militaires modernes, indique-t-il. En fait l'espace agit comme un multiplicateur de puissance."
Les Chinois ont un programme d'exploration lunaire et un programme spatial habité. En 2003, un premier équipage chinois a été mis sur orbite. En 2008, pour la première fois un astronaute chinois, ou taïkonaute, a effectué une sortie dans l'espace. Les Chinois prévoient envoyer une mission habitée sur Mars vers 2050. "Les taïkonautes sont de véritables héros en Chine, souligne Charles-Louis Labrecque. Les grandes réalisations spatiales contribuent à nourrir le nationalisme."
La mise en orbite du premier satellite chinois remonte à 1970. Mais c'est seulement lors de la première guerre du Golfe, en 1990-1991, que la Chine a réellement pris la mesure du retard technologique de ses forces armées. "L'utilisation intensive des satellites durant cette guerre par les États-Unis a mis en lumière les vulnérabilités auxquelles ferait face la Chine en cas de conflit avec ce pays", explique l'étudiant-chercheur.
En 2007, un missile chinois tiré du sol a détruit un vieux satellite météo en orbite. En 2008, un satellite chinois a été reprogrammé pour passer très près d'un autre satellite. "En Chine, soutient Charles-Louis Labrecque, 90 % des technologies spatiales peuvent avoir une utilité militaire. Les stratèges chinois voient l'espace comme un théâtre d'opérations crucial pour conduire les guerres du 21e siècle." Selon lui, on ne connaît pas les motivations qui amènent ce pays à développer tant de technologies et tant de capacités pour le domaine spatial. "Les Chinois, dit-il, développent notamment des capacités antisatellites destinées à contrer la puissance d'un autre État en cas de conflit."
Les capacités spatiales actuelles de la Chine comprennent quatre modèles de fusées Longue Marche ainsi que des satellites de télédétection, de surveillance maritime, de reconnaissance et de navigation. Ce pays possède aussi des armes antisatellites, ainsi que trois bases de lancement de fusées. La Chine fabrique des satellites et en met en orbite pour différents pays.