On appelle brouillage et déception radar une émission intentionnelle de signaux radioélectriques destinée à interférer dans le fonctionnement d'un radar en saturant son récepteur soit avec un bruit puissant, soit avec de fausses données. On distingue deux types de brouillage radar : mécanique et électronique.
Le brouillage mécanique est causé par des éléments qui réfléchissent ou re–réfléchissent l'émission radar vers le radar qui les a émises pour générer de faux échos sur l'écran de l'opérateur. Dans cette catégorie on range les paillettes, les catadioptres et les leurres.
Les paillettes sont constituées de bandes métalliques de différentes longueurs susceptibles de réfléchir différentes fréquences et de créer ainsi une vaste zone de faux échos dans laquelle il sera difficile de discerner une cible réelle. Ces paillettes sont le plus souvent en aluminium pour des raisons de poids et sont ordinairement pelliculées avec un matériau comme du plastique pour les rendre plus brillantes et moins susceptibles de s'amalgamer en paquets.
Les catadioptres ont le même effet que les paillettes mais sont de conception très différente. Il s'agit d'objets à faces multiples qui renvoient la plus grande partie de l'émission radar vers sa source. Cependant un avion ne peut pas embarquer autant de catadioptres que de paillettes.
Les leurres sont des objets volants télécommandés destinés à tromper l'opérateur radar en lui faisant croire qu'il s'agit d'un avion réel. Ils sont particulièrement efficaces car ils peuvent saturer un système radar avec de fausses cibles pendant qu'un attaquant s'approche à portée de tir du radar et le détruit. On peut adapter des catadioptres sur les leurres pour les faire paraitre plus grands qu'en réalité et les faire mieux confondre avec un avion réel. Pour augmenter leur réalisme, certains leurres ont la possibilité de générer un brouillage radar électronique ou de larguer des paillettes.
Parfois, le brouillage peut avoir une origine « amie ». Le brouillage mécanique involontaire est relativement fréquent car les systèmes mécaniques ne font pas la différence entre les radars amis et ennemis. Le brouillage électronique par des sources amies peut également arriver, il est dû le plus souvent à des centres de contremesures puissants qui opèrent à portée du radar. Avec une bonne coordination et un peu de bon sens, le brouillage électronique involontaire est beaucoup plus facile à éviter que le brouillage mécanique ; cependant, il est parfois inévitable.
Le brouillage électronique est une forme de guerre électronique dans laquelle les brouilleurs émettent des signaux qui interfèrent avec ceux d'un radar ennemi en saturant son récepteur par une émission très puissante. Les deux techniques principales sont les techniques dites « de bruit » et les techniques de « ré-émission ». Les trois sortes de bruits utilisées sont le « spot », le « balayage » et le « barrage ».
On parle de brouillage spot lorsque le brouilleur concentre toute l'énergie disponible sur une fréquence unique. Alors que cette méthode dégrade considérablement l'efficacité du radar sur la fréquence brouillée, un radar à fréquence variable sera à peine affecté car une seule de ses fréquences de fonctionnement sera concernée. Il faudrait donc plusieurs systèmes de brouillage pour couvrir plusieurs fréquences, ce qui nécessiterait la mise en œuvre d'équipements importants pour un résultat qui resterait très modeste.
Le brouillage à balayage consiste à faire varier la fréquence du brouillage. Bien que cette technique permette de brouiller plusieurs fréquences alternativement par des changements rapides, toutes les fréquences n'étant pas brouillées en même temps, l'efficacité du système reste limitée. Cependant, étant donné que l'efficacité dépend du dispositif de traitement des erreurs du radar brouillé, la technique du brouillage à balayage peut tout de même se révéler satisfaisante pour un certain nombre de systèmes radar.
Le brouillage en barrage consiste à brouiller plusieurs fréquences simultanément à l'aide d'un seul dispositif. Le système est efficace pour les radars à fréquences multiples, mais cette efficacité reste réduite car la puissance totale du brouilleur est répartie sur les différentes fréquences ; plus on brouille de fréquences, plus la puissance disponible par fréquence sera faible.
Le brouillage de site est un nouveau genre de brouillage en barrage grâce auquel un radar est brouillé à sa source et sur toutes ses fréquences. En revanche, tout les autres radars, même proches, continuent de fonctionner normalement.
Le système à mémoire de fréquence radio numérique (Digital radio frequency memory, DRFM) est une méthode électronique qui consiste à enregistrer numériquement un signal radioélectrique et à le re-émettre après l'avoir modifié pour fausser les informations reçues par le radar. Cette technique peut fausser l'indication de la distance de la cible en changeant la fréquence des impulsions, ou sa vitesse en modifiant le décalage Doppler, ou encore l'angle d'incidence de la cible en émettant des données supplémentaires dans les lobes latéraux du radar.