Pour comprendre l’importance que revêt la construction identitaire dans les milieux éducatifs des communautés francophones du Canada, il est utile de se référer à une dimension sociopolitique du Canada : ces communautés francophones, de tailles variables et dispersées de façon inégale dans toutes les provinces et tous les territoires du pays, évoluent au sein d’une anglophonie majoritaire.
De cette situation découle un défi qui les rejoint toutes : celui de maintenir leur vitalité et d’assurer leur pérennité. Depuis 1982, l’article 23 de la Charte canadienne des droits et libertés confère le droit à l’instruction dans la langue de la minorité. Le réseau scolaire des communautés francophones, depuis lors autonome dans sa gestion, peut donc offrir à sa population une éducation continue en français. Cet acquis confère à l’éducation dispensée par les communautés francophones un rôle important dans la transmission de la langue et de la culture d’expression française.
Depuis, les acteurs des divers milieux éducatifs de langue française déploient un effort de concertation soutenu afin de maximiser les retombées positives de leurs actions. En 2005, la Fédération nationale des conseils scolaires francophones a organisé un rassemblement pancanadien visant l’adoption d’un plan d’action intégré en éducation de langue française. De cette rencontre, et du plan d’action qui a suivi, découle notamment aujourd’hui la Table de l’axe l’action culturelle et identitaire, que l’ACELF copréside avec la Fédération culturelle canadienne-française, et où il est spécifiquement question de la construction identitaire des jeunes francophones.
La citation suivante, tirée d’une publication de l’ACELF, résume bien la vision dans laquelle s’enracine l’intervention en construction identitaire dans les milieux éducatifs francophones : « Le français n’est pas qu’un moyen d’apprendre des matières scolaires; il est aussi une façon d’exprimer qui l’on est par ses réflexions, ses actions et sa volonté. Pour nous, favoriser l’intégration positive du français dans le vécu de l’élève constitue une excellente façon de soutenir son appartenance et de susciter son engagement au sein de la francophonie locale, nationale et internationale. Sans construction identitaire, l’école de langue française perd sa raison d’être. »