Dans les urgences, près de la moitié des cas de douleurs thoraciques inexpliquées pourraient être dus à des crises de panique.
Il est fréquent que des personnes se présentent à l'urgence avec une douleur à la poitrine qu'elles attribuent à une crise cardiaque. Dans plus de la moitié des cas, l'électrocardiogramme et les tests biochimiques ne révèlent aucune anomalie cardiaque et les patients reçoivent leur congé sans diagnostic médical clair. Dans un récent numéro de la revue
The American Journal of Emergency Medicine, des chercheurs de la Faculté de
médecine et de l'UQAM confirment les soupçons entretenus par plusieurs sur l'une des causes possibles de cet étrange mal: dans une forte proportion des cas, il s'agirait d'attaques de panique.
Guillaume Foldes-Busque, Julien Poitras, Richard Fleet et six autres chercheurs de l'UQAM ont passé en revue les dossiers de patients qui ont eu recours aux services d'
urgence de l'
Hôpital du Sacré-Coeur de
Montréal et de l'
Hôtel-Dieu de Lévis en raison de douleurs thoraciques qui se sont avérées inexplicables. Du
nombre, 771 personnes ont accepté de participer à des entrevues et de répondre à des questionnaires portant sur leur santé psychologique.
Les chercheurs ont ainsi découvert que 44 % de ces personnes avaient eu des attaques de panique dans le mois précédant leur visite à l'urgence. Les médecins qui ont examiné ces patients ont posé un diagnostic d'attaque de panique dans seulement 7 % des cas. Pourtant, les douleurs thoraciques et les palpitations cardiaques comptent parmi les symptômes reconnus et courants de ce trouble psychologique.
Il serait important que les médecins apprennent à mieux diagnostiquer les attaques paniques, soulignent les auteurs de l'étude, parce que les personnes qui en souffrent ont besoin d'aide. Comparées aux personnes sans problème panique, ces patients sont davantage sujets à la détresse psychologique, à la phobie sociale, à l'agoraphobie, à l'
anxiété et à la dépression. Elles sont aussi deux fois plus à risque d'entretenir des idées suicidaires. Le diagnostic adéquat de leur état permettrait de les envoyer rapidement à des spécialistes en mesure de les traiter.
Les douleurs thoraciques inexpliquées constituent un problème de santé publique important. Dans 80 % des cas, il faut plus de dix ans avant que le bon diagnostic soit posé. Les personnes qui souffrent de pareilles attaques réduisent leurs activités quotidiennes, s'absentent davantage du travail et se présentent régulièrement aux urgences des hôpitaux, souvent en ambulance tellement leur état semble grave. L'absence de raison médicale apparente les conduit souvent à consulter des spécialistes en
cardiologie, en gastroentérologie et en
neurologie, ce qui entraîne des coûts substantiels et inutiles au
système de santé.