Selon le quotidien japonais Asahi Shinbun, la JAXA étudierait, avec la société Mitsubishi Heavy Industrie (MHI), le développement d'un nouveau lanceur, provisoirement appelé H-3. Ces études sembleraient s'inscrire dans la continuité des études précédentes sur une famille de lanceur appelée H-X. Le H-3, lanceur de trois étages, serait adapté non seulement aux lancements de satellites classiques mais aussi aux missions de vol habité et au lancement de sondes d'exploration de grande taille. Au premier étage, le lanceur H-3 incorporerait un cluster de trois moteurs qui pourrait être équipé des futurs moteurs LE-X (cycle "expander bleed") en cours de développement chez l'industriel MHI. Le second étage serait équipé d'un seul moteur LE-X. Aucune information n'est donnée sur le troisième et dernier étage.
Selon le journal Asahi Shinbun, la JAXA aurait décidé de ne pas utiliser de propulsion à ergols solides pour les futures missions habitées, pour des raisons de sécurité. Le troisième étage du H-3 devrait pouvoir servir lors des procédures de sauvetage pour éloigner un module habité du lanceur. La présence d'un troisième étage rend aussi le lanceur plus flexible dans la définition des futures missions d'exploration planétaire. Enfin, le coût de lancement d'un H-3 devrait être de 20 à 30 pourcents moins cher que celui d'un H-2A. Rappelons néanmoins que le Japon ne s'est pas encore engagé officiellement dans un programme de vol habité indépendant, mais qu'il estime nécessaire de développer graduellement certaines briques technologiques associées à cette activité. Pour l'instant, aucun document officiel public de la JAXA ne mentionne l'existence du développement d'un lanceur H-3.
Pour l'industriel MHI, responsable de l'intégration des lanceurs lourds du Japon, la question du maintien des compétences devient aussi un point critique. La conception des fusées de la série H-2 remonte en effet à près de trente années. En juin 2010, à l'occasion d'une réunion d'un comité du MEXT (Ministère de l'Education, de la Culture, du Sport, de la Science et de la Technologie) portant sur l'avenir de la Station Spatiale Internationale, M. OHMIYA, président de MHI avait déclaré qu'il était difficile pour MHI d'attirer de jeunes ingénieurs pour travailler sur le lanceur actuel H-2A. Alors que 141 ingénieurs travaillaient sur Kibo, HTV ou H-IIB en 2001 chez MHI, en 2008 la société n'en affectait que 58. Pour toutes les activités spatiales, alors que MHI comptait 300 employés en 2008, le nombre passera sous la barre des 100 employés en 2012. L'industriel, pour lequel les activités spatiales ne représentent qu'un pourcent du chiffre d'affaire, estime que si le projet H-3 ne débute pas rapidement il ne pourra pas continuer à former des employés compétents.