La news rétro de ce dimanche nous explique quelques techniques du cinéma parlant au début des années 1930.
Avertissement: Cette news rétro retranscrit des connaissances scientifiques, techniques ou autres de 1931, et contient donc volontairement les arguments, incertitudes ou erreurs d'époque.
Les deux systèmes de synchronisation en présence
Le film sonore, suivi immédiatement du film parlant (ou parlé) s'est imposé au cinéma avec autant de force que de rapidité. On peut encore lui souhaiter d'atteindre la perfection, car, s'il est scientifiquement réalisé, il laisse pratiquement à désirer. La multiplicité des appareils employés aujourd'hui pour obtenir avec la synchronisation parfaite une expression irréprochable, prouve assez qu'on n'a pas encore trouvé le bon. C'est sans doute l'affaire de demain.
Ces appareils peuvent être répartis en deux classes: ceux qui enregistrent sur un même film les images et les sons ; ceux qui associent mécaniquement le film des images et le disque des sons.
Le premier groupe l'emportera sans doute sur son concurrent ; c'est le plus conforme au principe même de la synchronisation: rayons et sons s'y inscrivent côte à côte sur la même pellicule, simultanément, et suivant une même technique, le microphone "modulant" l'intensité d'une source dans le même temps que s'obtient l'impression visuelle par les moyens ordinaires du cinéma. Mais ce système ne va pas sans inconvénients: si des rayures s'y produisent (et il s'en produit toujours), si la
vitesse du déroulement n'est pas absolument régulière, il s'ensuit des modulations parasites qu'amplifie le
haut-parleur ; d'où la nécessité de faire fréquemment des réparations, des ajustements, des mises au points.
Aussi l'autre système, malgré son infériorité de principe, a-t-il encore de nombreux partisans. Il offre, très perfectionnée, l'action combinée du film et du disque qu'avait déjà trouvée M. Dussaud dès 1897. Le diaphragme de l'ancien phonographe est remplacé par le
pick-up dont le courant téléphonique, dûment amplifié, communique avec le haut-parleur ; un
moteur d'entraînement, commun à l'appareil cinématographique et au plateau du disque, assure un
synchronisme rigoureux.
Les difficultés d'exécution
Le synchronisme, qui est à la base de toute sonorisation, qu'elle soit bruitante, musicale ou parlée, est, malgré les apparences, beaucoup plus facile à obtenir qu'une parfaite exécution sono-visuelle. Les difficultés commencent dès le studio, où maintes précautions sont à prendre pour éviter l'enregistrement de bruits étrangers au film: tic tac des appareils, bruissement des arcs électriques, réflexion, renforcement ou affaiblissement du son, etc. Le microphone ne laisse rien passer. Et puis, comment réunir dans son rayon
acoustique, et sur un plan valable pour tous, les acteurs, les sources de
bruit et les musiciens ?
La reproduction
exacte des bruits et des sons est une difficulté d'un autre ordre, quand ils sont liés à une reproduction visuelle qui empêche de les prendre seuls, pour eux-mêmes ; les résultats les plus inattendus se font entendre: un cri léger dégénère en hurlement, un soupir devient un
râle, une douce musique se mue en
tempête, et inversement. Aussi, dans la pratique, réduit-on généralement la synchronisation des "prises" aux seuls cas où elle est
tout à fait indispensable.
L'avenir du film sonore
Les insuffisances, les imperfections du nouveau jeu sentent encore les tâtonnements d'un début. Mais, ce qu'on peut louer dans mesure, c'est l'importance et la rapidité des progrès qui marquent son ascension. Chaque mois, peut-on dire, fait mieux que le précédent. Le film sonore est parti un peu tôt ; mais quelle que soit d'ailleurs l'opinion qu'on en ait, on peut être sur qu'il arrivera à la perfection.