Dans l’utérus, les placentas des jumeaux ouistitis grandissent rapidement et fusionnent, si bien qu’il se crée un réseau de vaisseaux sanguins à travers lesquels les cellules peuvent voyager d’un jumeau à l’autre. Le niveau de chimérisme est différent d’un animal à l’autre. Un individu peut être chimérique pour ses poils et son foie et pour rien d’autre, par exemple. L’étude menée en 2007 par Corinna Ross et ses collègues sur une colonie captive d’ouistitis de Bahia (Callithrix kuhli) a montré que plus de la moitié des ouistitis mâles avaient un sperme chimérique, autrement dit le sperme provenant d’un mâle donné avait l’ADN de son frère ! Le père génétique du bébé est donc son oncle… Il se pourrait aussi que certains ovaires soient chimériques et donc que des mères donnent naissance à des nièces et neveux.
D’un point de vue comportemental, les mâles portent davantage attention aux progénitures chimériques mais c’est l’inverse pour les femelles. Ce chimérisme rampant chez les ouistitis pose une question d’une portée plus large : si une femelle peut génétiquement donner naissance au rejeton du frère du mâle avec lequel elle s’est accouplée, qu’est-ce alors qu’un individu ?