La guerre du volume (« Loudness War »), aussi appelée la course au volume, est la critique d'une pratique de l'industrie du disque tendant à augmenter progressivement les niveaux d'intensité et à réduire la gamme dynamique lors du mastering des albums.
Ce phénomène est la conséquence de la large adoption du disque compact et de son format de musique numérique. L'enregistrement des premières œuvres publiées au format CD diffère des processus analogiques antérieurs qui n'avaient pas de ratio d'intensité perçue (« loudness ») fixe. La gamme dynamique dépendait des limitations de l'équipement de lecture analogique : platines de disques vinyls et lecteurs de cassettes. Avec l'avènement du disque compact, la musique est encodée dans un format numérique sur une gamme dynamique clairement définie de 16 bits (équivalent à peu près à 96 dB).
Comme la plupart des interprétations musicales ont une plage dynamique plus faible que celle permise par les CD, leurs enregistrements approchaient rarement les niveaux maximum possibles. Les passages les plus bruyants, ou niveaux de crête, servent à mettre en contraste les passages plus calmes, qui déterminent le volume initial de réglage choisi par l'auditeur. Progressivement, les acteurs de l'industrie musicale ont cherché à promouvoir leurs enregistrements en amplifiant le volume sonore moyen de ceux-ci, afin de mieux tirer partie de la gamme dynamique des disques compacts. Cette méthode donne aux auditeurs une impression d'enregistrements plus « sonores ».
Cependant, une fois l'amplitude maximale du CD atteinte, la perception de l'intensité sonore peut être augmentée en employant un ratio de plus en plus élevé de compression de la gamme dynamique et en augmentant le « gain » jusqu'à ce que les pics atteignent le niveau maximum. Cela peut provoquer, dans les cas extrêmes, des distorsions audibles ou des anomalies sur la courbe d'onde de l'enregistrement. Les albums récents utilisant la compression de plage dynamique sacrifient donc la qualité de reproduction musicale pour donner l'illusion d'une plus grande intensité sonore. L'escalade de cette course au volume a conduit les amateurs de musique et la presse musicale à qualifier ces albums de victimes de la « guerre du volume ».
En comparant deux enregistrements, effectués à des volumes sonores différents, il est probable que le plus bruyant soit perçu comme « sonnant » mieux. Ce phénomène peut être expliqué par la manière dont l'oreille humaine répond à différents niveaux de pression sonore. Notre capacité de réponse aux fréquences sonores change en fonction des niveaux de pression sonore ; plus ceux-ci augmentent, plus nous pouvons percevoir de fréquences, à la fois hautes et basses. De la musique diffusée à fort volume sonore est plus facile à percevoir dans des environnements tels qu'une voiture, un train, ou une rue animée. Sur du matériel de faible qualité, elle peut aussi mieux sonner en raison d'un rapport signal sur bruit plus important. Ceci aboutit à une « guerre du volume » en raison de la compétition à laquelle se livrent les stations de radio pour attirer des auditeurs, et les studios d'enregistrement pour attirer des clients. De plus, les artistes ont tendance à exiger que l'intensité sonore de leurs enregistrements soit égale à celles de leurs concurrents.
Augmenter l'intensité sonore peut avoir deux effets. L'enregistrement comportant un niveau d'intensité maximale, au contraire de la lecture (où l'intensité est seulement limitée par la capacité des haut-parleurs et des amplificateurs), rehausser le niveau d'intensité d'une chanson va créer un enregistrement d'une intensité sonore forte et uniforme, du début à la fin, possédant une faible gamme dynamique (peu de différence entre les passages les plus bruyants et les plus calmes). Selon le producteur David Bendeth, cîté par Robert Levine du magazine musical Rolling Stone, ce type d'enregistrement est fatiguant pour l'auditeur et manque de puissance émotionnelle.
Le second effet pouvant résulter de l'augmentation de l'intensité sonore est l'apparition de distorsion, souvent appelée « clipping ».