Critiques, coûts-avantages
Les physiciens Sébastien Balibar, Yves Pomeau et Jacques Treiner estiment qu'une production industrielle d'énergie à partir de la fusion implique la résolution préalable de trois problèmes :
- maîtrise des réactions de fusion (surtout si on la veut auto-entretenue) ;
- production massive de tritium ;
- invention d'un matériau résistant aux flux de neutrons (produits par la fusion) pour les enceintes de confinement.
La fusion nucléaire pose des problèmes proches de ceux de la fission nucléaire, dont la production de déchets radioactifs et les risques d'accidents nucléaires et de prolifération.
Des physiciens espèrent que les risques associés à la fusion seront moindres que ceux associés à la fission :
- moindre activité et durée de vie des déchets nucléaires (quelques dizaines d'années) ;
- moindres risques d'accidents.
Historique et organisation du projet
- Une première « feuille de route européenne » a été rédigée pour le projet en octobre 2006.
- Le Royaume-Uni a pris la tête du projet en janvier 2007.
- un consortium de 25 institutions de 11 pays a été constitué : 6 pays (République tchèque, France, Grèce, Italie, Espagne, Royaume-Uni), une région française et un gouvernement régional (Aquitaine et Madrid) et plusieurs institutions internationales et industries, appuyés sur des synergies avec des programmes aux États-Unis, au Japon, en République de Corée, Russie, Chine et Canada. Ce consortium a rédigé une proposition de « phase préparatoire du projet », d'une durée de trois ans, et l'a présentée le 2 mai 2007 à la Commission européenne, qui y a répondu positivement en juillet 2007.
Le début du projet est coordonné par Mike Dunne au Royaume-Uni.
- la phase préparatoire a été lancée en avril 2008 et doit durer jusqu'en 2011. Elle coïncidera avec un programme étudiant également l'allumage laser d'une réaction de fusion à vocation énergétique (sur le laser NIF aux États-Unis), qui sera, s'il réussit, une preuve tangible de pré-faisabilité.
- Un réacteur expérimental HiPER pourrait être construit vers 2015 et exploité au début des années 2020. Le Royaume-Uni s'est proposé pour l'accueillir.
Neutrons rapides
Le Prix Nobel de physique japonais Masatoshi Koshiba a exprimé des réserves à propos des problèmes techniques posés par les neutrons rapides : « dans ITER, la réaction de fusion produit des neutrons de grande énergie, de 14 MeV (mégaélectronvolts) (...) Si les scientifiques ont déjà fait l'expérience de la manipulation de neutrons de faible énergie, ces neutrons de 14 MeV sont tout à fait nouveaux et personne à l'heure actuelle ne sait comment les manipuler (...) S'ils doivent remplacer les absorbeurs tous les six mois, cela entraînera un arrêt des opérations qui se traduira en un surcoût de l'énergie » .