C'est en 1924, dans le Puget Sound sur la côte pacifique de l'État de Washington (USA), que cette espèce fut pour la première fois observée hors de son aire de répartition naturelle, la mer du Japon. Dans la décennie suivante, elle s'implantait successivement en Colombie-Britannique (Canada) en 1931 puis dans l'Oregon (USA) en 1930-1934. Enfin, un peu plus au sud sur le littoral pacifique, elle était notée en Californie en 1941. Il faut ensuite attendre un demi-siècle pour enregistrer une nouvelle extension, mais sur la rive orientale de l'Atlantique cette fois : en 1995, elle est identifiée dans le bassin de Marennes-Oléron (France).
Dans tous les cas, ces extensions ont été imputées aux importations massives d'huîtres d'origine japonaise pour les besoins de l'industrie conchylicole. Eu égard notamment à ses capacités très réduites de dispersion, il serait difficile d'envisager une explication d'une autre nature pour l'arrivée de l'espèce en France. Les biologistes de langue anglaise parlent d'espèces « auto-stoppeuses » (hitchhiking species) pour ces organismes qui étendent leur aire de distribution au-delà de leurs capacités potentielles de dispersion à la faveur du transport d'autres espèces. Ils s'agit dans ce cas d'introductions involontaires, les « passagers clandestins » pouvant voyager à l'état d'œufs, de graines, de juvéniles ou d'adultes. En dehors de l'importation d'huîtres allochtones, l'ostréiculture est, après les eaux de déballastage, considérée comme l'un des plus importants facteurs de telles introductions accidentelles dans le milieu marin. Parmi les espèces introduites figurent souvent des agents infectieux ou des espèces invasives. C'est le cas en ce qui concerne Ocinebrellus inornatus.
Les populations françaises et américaines sont génétiquement plus proches l'une de l'autre qu'elles ne le sont des populations asiatiques d'origine. Ce constat indique que la principale source de l'introduction en France se situe probablement en Amérique. On observe cependant un important décalage entre le début des importations d'huîtres dans le bassin de Marennes-Oléron à partir des stocks de Colombie-Britannique dans les années 1970, et la découverte du bigorneau perceur près de 20 ans plus tard. L'hypothèse la plus plausible serait celle d'une introduction synchrone des importations d'huîtres dès les années 1970. Les populations d'Ocinebrellus seraient dans un premier temps restées inaperçues, jusqu'à une explosion démographique sans doute favorisée par une élévation de 2°C de la température de l'eau au cours de cette période.
Depuis l'installation en Charente-Maritime au milieu des années 1990, la répartition de l'espèce en France s'est étendue vers le nord : elle a été depuis lors signalée à l'île de Ré, en baie de Bourgneuf, dans le golfe du Morbihan puis, sur le littoral de la Manche, en baie du Mont Saint-Michel et en baie des Veys. Ces extensions auraient été facilitées par les échanges liés aux activités ostréicoles. Il est donc probable qu'elle soit dans un proche avenir découverte dans l'ensemble des bassins conchylicoles français du fait des transferts d'huîtres.