Superficiellement, Ira Levin semble s'attaquer à la fois au communisme (comme dans 1984), au capitalisme ou à la religion. En effet, la société d'Uni semble être un syncrétisme de tous ces éléments.
Toutefois, le discours psychothérapeutique et lénifiant conditionné aux habitants de la Famille rappelle fortement le discours psychologique, sécuritaire et "politically correct" actuel. En fait, c'est la plus "moderne" des contre-utopies similaires.
Le communisme est très présent : par les symboles (faucille or, prédominance du rouge dans les drapeaux, le mardi est appelé marxdi, le mois de mars marx...) et dans le discours (la promesse d'une société solidaire, les travaux réalisés pour le bonheur commun et non pas par passion...). Cependant, dans cette société, les références religieuses tiennent aussi une place importante : le prénom Jésus est un des quatre prénoms masculins autorisés, le Christ est une des quatre références de cette société, présence de la croix dans le drapeau... D'autres références parsèment l'œuvre : Ashi, ami de Copeau, signe ses toiles d'un A cerclé (référence à l'anarchie)...
Si ce roman est considéré par la critique littéraire comme inférieur à 1984, il semble aussi moins engagé alors qu'Ira Levin l'a rédigé lors de la Guerre froide (comme Orwell).
La fin du roman donne la clé de l'origine du totalitarisme. Dès le début du roman, les personnages et le lecteur vivent sur l'idée que le totalitarisme décrit, s'il est d'origine humaine, est technologique. Ira Levin renforce la dénonciation de la technologie en décrivant des êtres génétiquement modifiés, ou le rôle abrutissant de la télévision. Le message est donc clair : la technologie menace l'Homme et sa Liberté.
Cependant Ira Levin change radicalement de discours à la fin du roman où le héros du roman, Copeau, apprend qu'Uni n'est qu'une machine programmée au jour le jour par des individus. La « caste » des programmeurs contrôle l'Humanité dans son expansion, dans ses désirs afin de façonner le monde à son idée. Ainsi trouve-t-on affirmée la source de tout totalitarisme : l'Humain et seulement l'Humain.