Infections urinaires: il faut attaquer le problème à la source

Publié par Isabelle le 16/09/2022 à 13:00
Source: Université Laval
Restez toujours informé: suivez-nous sur Google Actualités (icone ☆)

C'est à partir de l'intestin que les bactéries responsables des infections urinaires organisent leurs douloureuses incursions vers le système urinaire. C'est donc dans l'intestin qu'il faut les attaquer pour prévenir ou limiter les dommages, suggère une étude publiée par des chercheurs de l'Université Laval dans la revue Microbiology Spectrum.


Rappelons que les infections urinaires touchent plus de 50% des femmes au cours de leur vie. Elles sont généralement causées par une souche uropathogène de E. coli qui vit dans le microbiote intestinal, mais qui, par contamination fécale, colonise les voies urinaires et la vessie. Ces bactéries adhèrent aux muqueuses du système urinaire et elles s'y multiplient, causant de pénibles infections, souvent récurrentes, et de l'inflammation.

Afin de mieux comprendre les mécanismes de virulence de ces bactéries, des chercheurs de l'Institut sur la nutrition et les aliments fonctionnels et du Centre de recherche en organogénèse expérimentale de l'Université Laval ont conçu un modèle in vitro comprenant deux composantes: d'une part, un système digestif et son microbiote intestinal recréé à partir de deux donneurs, et d'autre part, un équivalent tridimensionnel de muqueuse urinaire.


Cette série de bioréacteurs reproduit un système gastro-intestinal humain, incluant son microbiote. Les deux bioréacteurs de droite contiennent des extraits de canneberge riches en polyphénols. Valentina Cattero

Dans un premier temps, les chercheurs ont simulé ce qui se passe chez les personnes qui ont une infection urinaire en ajoutant une souche de E. coli uropathogène au microbiote intestinal recréé in vitro. Après 7 jours de fermentation, ils ont transféré des extraits de ce microbiote dans le compartiment contenant la muqueuse urinaire. Comme prévu, la souche de E. coli a adhéré à cette mince couche de tissu. De plus, les chercheurs ont constaté que les gènes de virulence de ces bactéries avaient été activés alors que celles-ci étaient encore dans l'intestin, soit avant leur transfert vers la muqueuse urinaire.

Dans une seconde expérience, les chercheurs ont répété les mêmes manipulations, mais cette fois, ils ont ajouté, dans la partie estomac du système digestif modèle, une dose quotidienne d'extraits de canneberge riches en polyphénols. Après 14 jours, ils ont placé des extraits du microbiote résultant dans le compartiment contenant la muqueuse urinaire. Résultats ? L'activation des gènes de virulence de E. coli a diminué substantiellement dans l'intestin et l'adhésion à la muqueuse urinaire a connu une diminution de l'ordre de 20% à 50%, selon les donneurs.

L'efficacité des extraits de canneberge contre les infections urinaires varie selon les personnes, rappelle la première auteure de l'étude, Charlène Roussel. "Nous croyons que cette variabilité pourrait être causée par des différences entre les individus dans la composition de leur microbiote intestinal. La capacité de dégrader les polyphénols de canneberge en composés bioactifs qui bloquent la souche de E. coli uropathogène pourrait être limitée à certaines espèces de bactéries. Nous tentons maintenant de trouver la ou les bactéries en cause. Ces informations pourraient nous aider à augmenter l'efficacité des polyphénols de canneberge dans le traitement des infections urinaires."

L'article paru dans Microbiology Spectrum est signé par Charlène Roussel, Stéphane Chabaud, Jacob Lessard-Lord, Valentina Cattero, Félix-Antoine Pellerin, Perrine Feutry, Stéphane Bolduc et Yves Desjardins, de l'Université Laval, et Valérie Bochard, de Diana Food en France.
Page générée en 0.607 seconde(s) - site hébergé chez Contabo
Ce site fait l'objet d'une déclaration à la CNIL sous le numéro de dossier 1037632
A propos - Informations légales | Partenaire: HD-Numérique
Version anglaise | Version allemande | Version espagnole | Version portugaise