L'abbaye Saint-Nicolas d'Arrouaise est une ancienne abbaye augustinienne du nord de la France. Elle se situait près de Le Transloy dans la forêt d'Arrouaise au sud-est de Bapaume. Cette abbaye donna le jour à la congrégation des chanoines d'Arrouaise qui malgré sa diffusion restreinte - elle ne posseda que vingt-huit maisons - fut très importante.
Le monastère d'Arrouaise en Artois fut fondé aux alentours de 1090, au lieu-dit Tronc-Bérenger, par deux prêtres Hildemar et Conon. Ils y rencontrèrent un ermite, Roger, se joignirent à lui et bâtirent un oratoire.
L'appellation Tronc-Bérenger (Truncus Berengeri) est probablement due à un arbre antique planté au point où se rencontraient les frontières de trois pagi : l'Amiénois, le Vermandois et l'Artois, et peut-être même du Cambrésis. Les cartes du XVIIIe siècle indiquent encore à cet endroit la Motte-Bérenger, au sud-est de Bapaume, entre Sailly-Saillisel et Mesnil-en-Arrouaise.
Des disciples se présentèrent et Hildemar fut nommé prévôt de la petite communauté. Conon lui succeda en 1097 et fit construire un monastère. Devenu évêque de Préneste, en Italie, et cardinal, Conon de Préneste fut un des principaux artisans de la réforme canoniale. Richer, successeur de Conon, adopta l'Ordo novus et rédigea les constitutions. Celles-ci étaient calquées sur celles de Cîteaux: abstinence, silence perpétuel, travail manuel. L'organisation de la congrégation était celle de la Charte de Charité cistercienne avec tenue des Chapitres généraux. Enfin la liturgie particulière d'Arrouaise devint célèbre. Le monastère était double.
C'est au Tronc-Bérenger que fut béni,le 28 avril 1180, le mariage de Philippe Auguste avec Isabelle de Hainaut, tandis que les noces furent célébrées à Bapaume.
Si la congrégation ne se développa jamais beaucoup, son observance fut adoptée par de nombreaux chapitres en Flandre, en Angleterre, en Écosse, en Bourgogne, et jusqu'en Pologne. Saint Malachie, archevêque d'Armagh, l'introduisit en Irlande et saint Laurent O'Toole fonda un monastère à Dublin.L'austérité des chanoines d'Arrouaise était si grande qu'on la comparait à celle des cisterciens.
Le Chapitre général de 1223 rétablit la discipline qui s'était relachée, mais les XVe et XVIe siècles furent fatals à la congrégation et à l'abbaye. L'Artois fut longtemps le théâtre de guerres qui empéchèrent la réunion des Chapîtres généraux et ruinèrent de nombreuses maisons. Après la guerre de Trente ans, Arrouaise dépouillée de son prestige de chef d'Ordre tomba sous la juridiction épiscopale. L'abbaye végéta jusqu'à la Révolution qui la supprima.