Difficultés terminologiques
Le terme hallucinogène a été proposé par les psychiatres américains Abram Hoffert et Humphry Osmond et canadien John R. Smythies en 1954.
Du fait de son étymologie fortement liée aux hallucinations, certains ont tendance à assimiler toute substance provoquant un épisode hallucinatoire - même si cela n'est pas son effet principal - aux hallucinogènes. De même, les produits induisant une perte totale avec la réalité malgré des hallucinations ne sont pas des hallucinogènes au sens pharmacologique strict.
Cette assimilation est particulièrement critiquée par les chercheurs en ethnobotanique qui reprochent à ce terme d'associer mécaniquement l'idée d'hallucinations à ces substances, alors que les véritables hallucinations ne sont provoquées que par une faible partie de ces produits ; les témoignages des expérimentateurs ayant de plus démontré que la nature des hallucinations variait aussi en fonction de la substance.
Il convient par conséquent de bien différencier l'usage courant du terme (« favorisant des hallucinations ») et le sens pharmacologique (terminologie). Pourtant même dans cette discipline, le terme « hallucinogène » est souvent employé comme synonyme pour la classe pharmacologique des psychédéliques ou psychodysleptiques, particulièrement dans la littérature scientifique courante.
Propositions de termes spécifiques
De nombreux termes ont été proposés pour préciser les effets des hallucinogènes et ainsi les classifier : délirogène, enivrant, hypnotique, lucidogène (qui génère la lucidité), mysticomimétique (qui simule le mysticisme), phanérothyme (âme ouverte à la vue), phantastica (utilisé par Louis Lewin en 1924 dans sa monographie du même nom), psychostimulant, psychotogène (qui génère les psychoses), schizogène (qui génère une rupture), stupéfiant...
Quelques termes ont émergé :
- Psychotomimétique signifie « qui simule les psychoses » et a été retenu par l'OMS qui le définit comme un agent chimique qui induit des changements de la perception, de la pensée, et du jugement proches de ceux observés dans les psychoses sans induire une atteinte définitive de la mémoire et de l'orientation caractéristiques des syndromes organiques.
Selon certains auteurs, les psychotomimétiques induisent une stimulation psychomotrice et des effets hallucinogènes qui sont doses-dépendants. Ils y classent par exemple le MDMA, la PCP et la kétamine. - Un psychodysleptique est un psychotrope qui modifie l'état de conscience, l'humeur, l'activité intellectuelle ainsi que le contact avec le monde extérieur et qui provoque parfois des hallucinations.
Ce terme est introduit en 1959 par Jean Delay et Pierre Deniker dans leur classification.
Certains auteurs considèrent « psychodysleptique » comme synonyme d'« hallucinogène ». Toutefois, « psychodysleptique » est un terme plus général qu'« hallucinogène » ; il désigne tout perturbateur du système nerveux central. Il peut ainsi s'agir de solvants, l'alcool, les dérivés du cannabis, et non uniquement des hallucinogènes. - Enthéogène signifiant « qui génère la foi », ce terme est surtout utilisé par l'ethnobotanique et doit plus être compris comme un mode d'utilisation que comme un effet potentiel. En effet, les substances désignées sous ce nom connaissent une utilisation rituelle susceptible - de par la récurrence des témoignages - d'induire une expérience mystique. Certains auteurs préfèrent ce terme à celui d'hallucinogène et tendent à regrouper la plupart de ces substances sous ce terme, y compris celles ne connaissant pas d'usage rituel.
- Empathogène et entactogène : ces termes sont des synonymes parfaits désignant une classe d'hallucinogènes qui provoquent une libération de la sérotonine et qui sont des phényléthylamines. Leurs étymologies différent cependant : Empathogène signifie « qui génère l'empathie », terme crée en 1983 par Ralph Metzner ; Entactogène signifie « qui facilite le contact », terme créé en 1986 par David E. Nichols et Alexander Shulgin comme alternative à empathogène à qui ils reprochaient l'association éventuelle avec la racine pathos.